samedi 24 février 2007

Comment je me suis disputé (Césars)

ça m'est venu quand je pensais aux césars, à la cérémonie, à la fête organisée au château pour l'occasion, et à laquelle il est entendu que je n'irai que si elle n'y va pas, et à laquelle il est bien entendu qu'elle n'ira que si je n'y vais pas, je me suis demandé comment on arrive à ça, à ce degré de haine, parce qu'il est bien entendu que c'est de ça qu'il s'agit, je suppose, rien de moins, ou alors une franche répulsion, quelque chose vraiment comme chez polanski, de la répulsion, ce haut-le-coeur qui te prend devant la viande avariée ou quand tu penses aux attitudes pas propres où tu as vu les autres se commettre et où tu t'es parfois commis toi-même, parce que tout ça c'est toujours une histoire de miroir, et c'est bien pour ça que c'est gênant, c'est comme quand on se regarde dans la glace pas très frais, l'oeil un peu jaune et la conscience aussi, et j'ai dû sentir ça un jour, mais trop fort, plus fort que les autres jours, et soudain ça m'est devenu insupportable, cette mascarade, cette somme de mondanités (comme on dirait des immondices), même s'il faut pas rigoler, on n'en sort jamais vraiment, mais au moins aujourd'hui je n'attends pas d'être rentré pour vomir (cf. le post intitulé "projection"), et je me disais voilà on en vient là, mais le mystère reste entier, et je pensais à nathalie qui me disait ce matin je fais quoi avec cette projection, j'y vais ou pas, et c'est un peu pareil (même si pas tout à fait), et nous disions cela, en substance, que ça nous fatigue, de devoir résoudre cette question, laquelle, la question de la bataille à livrer (juste en étant là, en partageant un espace avec des personnes abhorrées, ça suffit pour que ça devienne la guerre, une ambiance de guerre, non mais tu imagines le degré de folie où on tombe), et en même temps je me disais c'est une problématique fondamentale, presque clausewitzienne (ce grand théoricien de la guerre et des batailles), la question du territoire, de l'espace commun, et je sais qu'en dépit des amis qui s'y trouvent, le château ne sera jamais mon endroit, je ne veux pas dire mon endroit à moi, je veux dire chez moi, comme on dirait un endroit où j'ai ma place, trop d'ennemis, trop de méchants, et les fantômes de tous les méchants que j'y vois et qui n'y sont même pas, donc surtout des méchants que j'apporte (les seuls qui comptent et qui font vraiment horreur), le château, bref, passons, mais je me disais donc voilà, je me prive de la fête ou alors c'est l'autre qui s'en prive, et élodie disait mais pourquoi ne pas partager le même espace, et voilà, vous êtes dans le même espace et vous vous ignorez et c'est bien, mais non, clausewitz n'est pas d'accord, mais tu as raison, élodie, c'est nul, on est nul de pas savoir mieux faire, c'est drôle, une nuit j'ai rêvé qu'on se réconciliait, enfin qu'on se parlait normalement et soudain c'était simple et à mon réveil la sensation subsistait encore et je me disais en mettant à bouillir l'eau du thé, ben voilà, ce serait simple, en fait, mais quand j'ai eu fini de boire le thé ce sentiment, cette légèreté s'en était allée, évidemment, la légèreté s'en va, emportée par les corn-flakes et le jus d'orange, et en général c'est à ce moment-là que je regarde par la fenêtre pour voir de quelle couleur est le ciel ce jour-là, bref.

(il faudrait quand même dire que le but de tout ça est de ne pas devenir étranger à soi-même, de ne pas devenir un monstre, un même que l'autre, un moins que rien.)

(pas sûr qu'on y arrive.)

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