jeudi 29 mars 2007

Flaubert

"Plus bas, le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses, étalait en ligne droite son eau couleur d'encre. Il y avait au milieu un bateau plein de bois, et sur la berge deux rangs de barriques.
Au delà du canal, entre les maisons que séparaient des chantiers, le grand ciel se découpait en plaques d'outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d'ardoise, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait au loin dans l'atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désoeuvrement du dimanche et la tristesse des jours d'été.
"

et ensuite, il dit :

"Deux hommes parurent."

et voilà.

Loisir

amélie voudrait bien partir, nous ne sommes pas partis en vacances depuis, depuis............

"Ma chère minette, tu as dû recevoir, quand cette lettre te viendra, celle où je te conseille de venir à Francfort ou à Aix-la-Chapelle. Si tu m'aimes, nous commencerons par Francfort ; mais ce sera pour les premiers jours de février. De là seulement, je puis avoir des communications assez rapides avec Paris pour pouvoir suivre mes travaux. Ote de ta chère tête que je puisse avoir du loisir ! Il m'est interdit cette année."

(balzac à mme hanska)

En ville

ne pas oublier de mettre les gens en ville.

(d'inscrire les personnages dans un paysage urbain, ils diraient aux cahiers du cinéma.)

(il faut vraiment faire du cinéma en france pour être capable d'écrire une phrase pareille : où tu as vu qu'un américain écrirait un truc pareil ? un américain, il n'aurait pas besoin d'écrire "penser à mettre les gens - c'est-à-dire les personnages - dans la ville", parce que l'américain, il sait qu'ils y sont déjà, il n'a pas à le démontrer, c'est une évidence, il faut être français pour faire des notes pour plus tard du type "ne pas oublier de montrer des gens - c'est-à-dire des personnages - qui respirent", c'est comme si tu disais, "ne pas oublier de mettre quelques livres dans le champ pour qu'on n'ait pas l'impression que je suis inculte", ah aha ha. parfois je me désole tellement !)

n'empêche : ne pas oublier de mettre les gens - c'est-à-dire les personnages - dans la ville.
faudrait que je revoie un film américain, inside man peut-être, ou keane cette merde pleurnicharde sélectionnée par la quinzaine il y a un an ou deux - mais au moins la ville était là, ou alors un film de richard donner ou de mc tiernan, ou même un roland emmerich, tiens, the day after tomorrow, les plans où l'eau envahit les rues.

se remettre un peu de ville dans l'oeil.
(warriors, peut-être.)

sous peine de faire un film étouffant, un film sans fenêtres ouvertes, un long-métrage avec une esthétique de court-métrage.

(dans tous mes films d'école, il n'y a jamais eu une seule fenêtre ouverte, c'est dire le choc que ça représentait pour moi de faire les grands espaces, tu imagines, je sais bien que pour toi c'est facile d'ouvrir une fenêtre et de regarder dehors mais moi j'ai passé des années enfermé chez moi à regarder le mur d'en face (cf. les posts intitulés "fenêtre sur cour"), je crois que tu n'imagines pas bien ce que c'est, toi tu te dis ok, j'ai chaud j'ouvre, ou alors j'étouffe* je vais dehors mais moi pendant que tu te disais ça, pendant que tu sortais pour aller voir ta famille ou travailler ou exercer toute autre activité sociale, moi je restais seul et j'écrivais, seul chez moi, putain de merde, et je crevais d'être seul et pas vraiment aidé ou pas comme j'aurais voulu, même pas comme j'aurais mérité, bordel de merde, oui, mérité, parce que j'étais gentil même si j'étais con, c'est-à-dire moins intelligent qu'aujourd'hui (ben oui, je suis intelligent et je le sais, c'est comme ça, on ne peut pas avoir que des défauts dans la vie, et dans ces posts je m'attribue des défauts plus souvent qu'à mon tour, donc une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal de dire qu'on vaut quand même un peu, bref), con mais gentil quand même, donc, j'aurais bien mérité d'être moins seul mais ça doit être dans ma nature, mon côté rear window, mon côté sauvage qui fait que je déteste spontanément les journalistes du film français qui entrent dans ma salle de prépa (c'était hyper drôle, l'autre jour y en a un qui est entré et il a tourné autour du sac de boxe et iu nous a présentés et le gars se souvenait même pas de moi alors qu'il m'a interviewé deux fois ce bâtard, il a tapé deux fois dans le sac et il s'est cassé en se frottant la main, ah aha).

de la ville, donc. des gens qui passent dans la rue et qui ne soient pas tous des figurants, si possible.

(je t'en supplie je t'en supplie ne me laisse pas faire un film sans personne, sans dehors, sans gens.)

* et tu te rappelles de la scène des golden boys, celle où le gars dit "j'étouffe, je vais mourir, etc."

Rose

et avant d'aller dormir :
une des choses que j'aime le plus au monde, c'est le rose des joues d'amélie, et cette chaleur contre ma main.

En somme

je ne sais pas pourquoi c'était en mangeant une pizza avec ma mère je me suis dit (et elle venait de pleurer un peu car nous parlions de tout ça et du reste, et je n'aime pas beaucoup voir ma mère pleurer mais bon, j'ai commandé un deuxième café) je me disais bon sang qu'est-ce qu'on est seuls (bizarre de mettre un s, d'ailleurs, si on est si seuls, on devrait plutôt écrire "seul", bref).
je veux dire, je pensais aux grands espaces - eh ben oui, je sais, je radote, et alors, c'est mon blog, j'ai le droit de radoter si je veux et toi tu as parfaitement le droit de ne pas me lire de toute façon je sais bien que je ne suis lu que par cinq personnes six à tout casser et c'est bien ainsi et ce n'est pas si éloigné de ce que je vais dire enfin c'est dans le sujet, ce que je veux dire, c'est que repensant aux grands espaces je me disais à quoi bon faire un film si c'est pour qu'il n'existe pas ou si peu, et qu'on ne me raconte pas qu'un objet artistique etc. un film qui n'est pas vu est un film qui n'existe pas, un point c'est tout, alors dans ces moments-là (et je pensais à mon copain réalisateur hollandais dont le premier long a été vu par 3000 personnes à amsterdam et puis c'est tout, 3000 personnes non mais tu te rends compte - on dit entrées, 3000 entrées, c'est un peu - juste un peu - moins terrible, plus poli), dans ces moments-là, disais-je, évidemment tu te demandes à quoi ça sert ce qu'on fait, et je ne parle même pas de la perspective du long terme, puique comme disait keynes (je crois que c'était keynes), dans le long terme, on sera tous morts, enfin un truc comme ça (un truc drôle d'économiste classique).
(la pensée du long terme étant finalement la seule pensée juste, la seule en tout cas qui permette d'adopter la bonne attitude, cette dérison joyeuse dont parle ce philosophe allemand trahi par sa soeur et dont le nom fait un bruit de torche plongée dans l'eau ; qui n'est pas du cynisme mais une vraie joie - tu te souviens, la joie - puisque le long terme remet au moins les choses à leur juste place - et du coup on se souvient qu'on est quand même là pour se marrer un bon coup si possible - je dis bien si possible.)
(pour répondre à cette question ("à quoi ça sert?"), je me renverrai moi-même au post intitulé "fatigue" et à la réponse de cédric.)
ce que je veux dire, c'est que je pensais avec tendresse à la solitude et à nous tous.
voilà, je crois que c'est ça l'objet véritable de ce post (car il me faut parfois plusieurs lignes avant de savoir de quoi parle un post), c'est ce sentiment de tendresse qui m'envahissait en pensant à la solitude.
je pensais à nous tous, ou plutôt je pensais à chacun d'entre nous, à chacun d'entre vous, je dis bien A CHACUN D'ENTRE VOUS, je pensais au sommeil, à ce moment où chacun est vraiment seul, quand bien même il y aurait quelqu'un à côté, ce moment de silence et de respirations lentes, de cheveux étalés, comme épandus, de cils écrasés contre l'oreiller, de bouches ouvertes et de rêves, ce moment d'intime écrasement de soi, je pensais à ça, pour chacun d'entre nous, pour CHACUN D'ENTRE VOUS, à cette solitude extrêmement singulière et pourtant vaste et commune, ce moment où ta main à toi touche à peine sa main à lui, à elle, etc. et j'y pensais avec tendresse, voilà. sans amertume, sans terreur, sans tristesse (pour une fois)*.

* et je repense soudain à tous ces moments dans la troisième partie du monde où les gens se regardent dormir** (note : penser à remettre ce moment où michel regarde emma dormir dans l'appartement le lendemain de leur première nuit ensemble). je crois qu'il y a de l'inquiétude dans ces moments, une façon pour les personnages de dire ne me laisse pas, quelque chose de régressif, de brutalement infantile.

** je te rappelle que pendant longtemps, le scénario s'est terminé sur ça : une femme qui dort dans un train.

je pense bien à vous, en somme.
(dans cette expression, chaque mot compte.)

mercredi 28 mars 2007

Courage (4)


et sans oublier thomas qui va devoir mais je l'ai déjà dit.

mardi 27 mars 2007

Barthes

"Je ne regarde pas amoureusement vers une essence orientale, l'Orient m'est indifférent, il me fournit simplement une réserve de traits dont la mise en batterie, le jeu inventé, me permettent de "flatter" l'idée d'un système symbolique inouï, entièrement dépris du nôtre. Ce qui peut être visé dans la considération de l'Orient, ce ne sont pas d'autres symboles, une autre métaphysique, une autre sagesse (encore que celle-ci apparaisse bien désriable) ; c'est la possibilité d'une différence, d'une mutation, d'une révolution dans la propriété des systèmes symboliques."
p.11, 12.

"Le rêve : connaître une langue étrangère (étrange) et cependant ne pas la comprendre : percevoir en elle la différence, sans que cette différence soit jamais récupérée par la socialité superficielle du langage, communication ou vulgarité ; connaître, réfractées dans une langue nouvelle, les impossibilités de la nôtre ; apprendre la systématique de l'inconcevable ; défaire notre "réel" sous l'effet de découpages, d'autres syntaxes ; découvrir des positions inouïes du sujet dans l'énonciation, déplacer sa topologie ; en un mot, descendre dans l'intraduisible, en éprouver la secousse sans jamais l'amortir, jusqu'à ce qu'en nous tout l'Occident s'ébranle et que vacillent les droits de la langue paternelle, celle qui nous vient de nos pères et propriétaires d'une culture que précisément l'histoire transforme en "nature"."
P.15

Une pour Julien

guys, this is gonna be awesome!

(je suis en train de lire "des jours blancs", c'est très bien !)

lundi 26 mars 2007

Courage (3)


et bien sûr nicolas qui va devoir détricoter son joli plan de travail et tout refaire en sept semaines, puis en six, puis en cinq, etc.

Courage (2)



joyeux anniversaire patricia (en fait c'était hier).

samedi 24 mars 2007

Courage


voilà, juste dire qu'on est tous très fatigués, que je n'ai jamais vu cédric comme ça, aussi déprimé à l'idée de bouffer du rat encore un an (minimum), que thomas a une petite mine (c'est dur de faire rentrer 8 semaines de tournage dans un budget de 4), que patricia et moi buvons trop et dormons trop peu, que tout le monde a quand même un peu le moral dans les chaussettes, que l'argent fait cruellement défaut, que le film est ruiné avant même d'avoir commencé, que les gens qui travailleront dessus seront honteusement mal payés, que je ne pensais pas que ce serait aussi dur, et cédric non plus - et du coup, je me suis dit ça : qu'il y avait quand même, à continuer ainsi, malgré tout, envers et contre (presque) tout, un courage immense.
du coup, j'avais envie de rendre hommage (en français c'est moche, en anglais c'est plus beau, to pay a tribute) à cédric et à tous ceux qui comme lui croient à ce film dur comme fer, en dépit de. bravo les gars, les filles, vous êtes des vrais courageux.
et merci.

Punchy


merci thomas !

vendredi 23 mars 2007

Note pour plus tard (2)

et sinon, la plus belle chose de 300, c'est élodie qui le faisait fort justement remarquer, c'est cet esprit "no softness among spartans".
pas de softness, comment traduire ça, quelque chose entre mollesse et douceur, plutôt mollesse, mollesse de coeur, et ça, on n'en veut pas.

donc note à tout le monde : no softness.

(je ne sais pas pourquoi, ça m'a rappelé la scène entre henry fonda et linda darnell à la fin de my darling clementine, cette poignée de mains, une scène d'amour sublime, et c'est juste une poignée de mains - no softness, no softness, NO SOFTNESS, goddammit !)

Condamné

et sinon, dr. t. a dit l'autre jour :
"oui, en somme, vous vous êtes condamné à réussir."

voilà. il faut que je pense à ça. je sens que c'est un truc important - évidemment, c'est le mot "condamné" qui est important.

(il y a une phrase d'eminem postitée au-dessus de mon bureau :
"success is my only motherfucking option, failure is not."
c'est dans une chanson.)

Amis

hier soir, dîner avec ju et élo, et ce que je voulais dire mais que j'ai mal dit (j'étais fatigué, j'avais mal, c'est dans une chanson, ça), ce que je voulais dire, c'est que j'aime aussi les gens dont je n'aime pas le travail, et je les aime quand même, et ça m'arrive de me dire non vraiment je ne peux pas, ce film, ce scénario, je peux pas, mais pourtant je les aime quand même, eux, et franchement, et vraiment, alors peut-être que je ne suis pas un homme de principes, je ne sais pas, peut-être que je suis flottant et mou du genou, je ne sais pas, à vous de me dire, mais en tout cas je suis revenu de mon intransigeance, c'est un territoire que j'habitais très fort il y a quelques années (c'est mal dit, ouh que c'est mal dit), l'intransigeance, j'y vivais et c'était bon, j'étais comme ça, tu me disais un mot et hop, tu disparaissais de ma vie, je continuais à te dire bonjour et même à te sourire mais je te méprisais sans fin, et c'était tout. et puis je me suis fâché avec mathieu g (pour des questions esthétiques, des questions imbéciles, pour un scénario ou je ne sais quoi), et puis on ne s'est plus parlé, ç'a duré un an, et puis on s'est revus, reparlé, et maintenant on est amis de nouveau et même mieux qu'avant. alors voilà, je préfère ça. et si maintenant mathieu g me montrait un film qu'il a fait et que je n'aime pas, eh bien je l'aimerais quand même, je les aimerais tous les deux, lui et son film, parce que c'est lui qui l'a fait, voilà (bon, bien sûr, il faudrait juste qu'il n'y ait pas d'animaux martyrisés dans le film - et encore). je le dis, je défendrai mes amis jusqu'au bout (jusqu'à la mort ?). c'est en pensant à la clique, il faudrait presque lui mettre une majuscule, la Clique, tu vois bien de qui je parle, tous, beigbeder, lélu, les inrocks, les cahiers, libé, assayas qui a recours à l'intimidation pour obtenir une subvention d'état
(et pourquoi pas ? et pourquoi pas, bordel de merde ? pourquoi les respecter, pourquoi se soucier de respecter leurs décisions alors que tout ce qui compte, et c'est un réalisateur de film fauché qui vous parle, tout ce qui compte, c'est de leur piquer leur fric, prends l'oseille et tire-toi - j'ai envie de revoir the getaway, ju, si tu peux me le rendre à l'occasion*)
(mais n'empêche, assayas, même s'il a recours à des méthodes de bandit qui font que je l'aime soudain davantage, il fait quand même partie de la clique, la Clique, voilà.)
c'est en pensant à la clique, donc, que je me suis dit ça : je défendrai mes amis jusqu'au bout. si j'ai une invitation pour entrer dans une fête cannoise et que mes amis n'en ont pas, eh bien je ne vais pas dans la fête cannoise, nous irons plutôt ensemble, tous ensemble sur la plage fumer des pétards et boire de la bière (bière à volonté, bordel !), je vous le dis, il vaut mieux que je ne fasse jamais partie d'une commission quelconque, parce que je défendrai mes amis envers et contre tout, avec mauvaise foi, avec hargne et mépris pour la mission qui m'a été confiée, même avec mauvaise foi, parce que je ne suis pas un homme de principes, ou alors les principes que j'ai, c'est ceux de l'amitié, qui me semblent plus beaux et plus justes que les principes esthétiques qui, je le redis, sont des considérations d'imbécile (l'imbécile qu'il m'arrive d'être aussi, quand je me fâche pour un rire devant rocky, etc.), et c'est ça qui fait la différence avec la clique, parce que voyez-vous, la clique, elle n'a même pas l'impudence de faire ce que je dis, dans la clique, c'est plus compliqué, on a des principes, ceux des apparences, celles qu'il faut sauver comme on sauve la face, et par exemple, on a d'autant plus de mal à sélectionner un film sous prétexte qu'on est ami avec celui (celle ?) qui l'a fait. et ça, ça me fait tout simplement gerber.
parce que les amis, quand même, bordel !
merci et bonne journée à tous.

* parce que je pense à tout ce qui pourrait amener de l'argent au film, braquage compris.

jeudi 22 mars 2007

Après 300





boire, il ne restait plus que ça à faire.

Air (3)



mardi, le 747 du bourget.

lundi 19 mars 2007

Comme Mc Carthy

he thought about it, standing in the cold stream, starting to feel numb from the ankles up - wondering what might happen to him and the ones he loved. the cold water was painful but at the same time it striked him with a sharp sense of nothingness. here i stand before you, he thought, or said loudly, here i am, stripped bare from all illusions and good thoughts, the memory of good deeds now fading away like the smell of a bonfire.
he thought of a time when everything seemed easier, even pain or relief, and this time seemed now like it belonged to someone else's memories. how hard can one be beat down and keep moving forward, he wondered. how long until any sense of revolt would become pointless - and he knew that, just by thinking that way, he was already giving way to a much darker form of relief.
he thought he saw a trout running down the current. but there was no fish in the dead and yet vivid stream. no fish at all. he'd heard his father say something like that once : there is no fish in the water, we don't need to stop. something like that.
keep moving. keep heading wherever it is you're going.
(but what route ?)
(what route ?)

Retrouvailles


"Tâchons de nous consoler des chagrins que nous nous sommes faits."
pour y aller, c'est ici.

dimanche 18 mars 2007

Héros


le récit du combat, ici.

samedi 17 mars 2007

Pression


- Ne craignez-vous pas de succomber à la pression ?
- Je suis immunisé... j'ai vécu quelque chose de très dur pendant les cinq ans où j'étais "indésirable" en France. J'étais incompris, rejeté. Mais j'avais choisi de décrire la réalité, que la boxe, en France, était entre les mains d'une seule personne qui la gérait mal, au mieux de ses seuls intérêts privés. Aujourd'hui, ça bouge, Michel Acariès n'est plus le taulier de la boxe en France. Il est tombé. J'avais raison, les faits le prouvent aujourd'hui.
- Vous aussi, vous êtes tombé...
- Oui, au moment même où j'allais devenir celui que j'avais rêvé d'être. Et j'ai tout perdu. Comment voulez-vous que je m'enrhume encore ? J'ai tout connu, le bas et le haut, le sommet et puis la chute. Et je suis encore là. De retour en France, devant les caméras de Canal +. Avant, je me disais, "Il faut que je leur montre à tous, je n'ai pas le droit de perdre sinon ils vont rire de moi..." C'est fait. J'ai connu la défaite et ils ont ri de moi. Désormais, je boxe pour moi, pas contre eux. Parce que le simple fait que je sois de retour est la preuve que je les ai vaincus, eux et leur système. Cette défaite m'a assagi. Je n'ai plus soif de reconnaissance. Je ne désire qu'une seule chose : battre Bell.

(extrait de l'entretien accordé à L'Equipe par Jean-Marc Mormeck à la veille du championnat WBA-WBC des lourds-légers.)

Haute Normandie


"It's not about how hard you can hit, it's about how hard you can get hit and keep moving forward."

vendredi 16 mars 2007

Léger


alors voilà, je suis là avec mon petit scénario tout propre, bien coupé comme il faut, sa petite coupe de printemps (c'est pour ça que j'ai pas envie d'aller chez le coiffeur, j'ai trop coupé dans le scénario), et je sais que tout va voler en éclats, exploser en vol, brouffffff (sound fx de pearl harbor), que tous ces petits moments de préparation vont finir par s'effondrer les uns sur les autres, enfin dans une certaine mesure, idéalement dans une belle mesure, parce qu'il faut, il FAUT que ça s'effondre, que ça se casse la gueule pour que ça en ait un peu (de la gueule), ce que je veux dire, c'est qu'il y a quelque chose de tellement risible à mettre en place avec un soin aussi scrupuleux une entreprise aussi nécessairement vouée à l'effondrement (ce qui ne veut pas dire l'échec), c'est en fait comme de préparer l'effondrement, comme un dynamitage, tu sais, ces barres d'immeubles qu'on prépare pour la destruction, la façon méthodique dont les artificiers placent les charges pour que ça tombe bien droit, sans toucher les immeubles autour, etc.
mais aujourd'hui, cette pensée, la pensée de l'effondrement à venir me laisse léger, presque joyeux. je me dis okay, ça va tomber, ça va se casser la gueule, mais c'est pour ça que tu fais ça, non, pour que ça se casse la gueule et voir ce que tu peux sauver, parce que tu as une âme de pompier psycho, non ? pas un héros, juste un gars qui hop, fait tomber les trucs pour tester ses réflexes, sa propre capacité de survie, de maîtrise, je ne sais pas comment dire.
léger, donc.

(et sinon, j'ai eu une idée de film, il faudrait filmer une page du scénario et lancer en même temps le logiciel de lecture installé en série sur mac, c'est génial, tu peux choisir le ton de voix et tout, c'est nicolas qui m'a montré ça, mais ce qui est super drôle, c'est que la prononciation est en anglais, alors du coup ça donne un truc bonnard du genre "leu trouiseme partaï dou mondi", on ferait juste ça, une page filmée et lue en même temps par le logiciel, et ça s'appellerait la troisième partie du monde - remake. le court-métrage de rêve : cheap, sans personne, rigolo-naze, de quoi faire un carton en festival, ah ah ah.)

(peut-être que je le ferai la semaine prochaine, pour déconner, et je le mettrai sur dailymotion.)

Fenêtre sur cour (6)


aujourd'hui, il fait moche.
(il faut faire des images aussi quand c'est moche.)
(c'est mon statement pour aujourd'hui.)

Panoramique

et sinon, un dernier mot avant d'aller dormir -
(ma petite cousine dort déjà sur le canapé, elle a laissé la lumière allumée, il y a du cormac mc carthy dans cette scène, il suffirait qu'elle se réveille à moitié et qu'elle dise où est-ce que tu vas, et moi je dirais nulle part, dors, ou quelque chose comme ça, bref.)
on regardait avec patricia quelques plans de ce film d'audiard avec cassel, et il y avait ce pano sur les immeubles de la cité, à l'aube, et soudain ça m'a frappé, ce pano, il était beaucoup trop rapide, il ne filmait pas les immeubles, il s'en foutait des immeubles, et des gens dedans, ça allait beaucoup trop vite, on ne voyait plus rien, alors que s'il était allé plus doucement, ç'aurait pu être un plan magnifique, vraiment beau et rare dans un film français, qui sait, on aurait peut-être vu quelqu'un à la fenêtre, des vrais gens, du vrai linge au balcon, de vraies plantes, de vrais nuages par-dessus tout ça, alors que là, c'était juste un plan un peu naze, un plan de court-métrage, oh, des immeubles, l'aube sur la cité ou je sais pas quoi, un truc vaiment chelou, le gars pressé d'aller filmer autre chose qui l'intéressait plus que les immeubles, mais alors si ça t'intéresse pas, pourquoi tu le filmes, j'avais envie de lui demander, bref.
(c'est pour des trucs comme ça que le film n'est pas vraiment réussi, même s'il y a des trucs bien.)
dans la femme est l'avenir de l'homme, il y a un pano qui est tout le contraire de ce pano-là. un truc sur les immeubles, aussi, mais plus lent. pano gratuit, que rien ne justifie (tiens, on dirait une chanson de bashung, ça, non ?). et c'est trop beau.

Secrétaire

et sinon, un truc m'a fait extrêmement plaisir aujourd'hui : j'ai trouvé une idée pour les scènes d'agence immobilière. c'est la secrétaire qui m'a tout débloqué. tu te souviens, la secrétaire, celle qui dit jamais rien dans l'agence.

en fait, dans la première scène, elle boutonne son manteau. elle se lève, boutonne son manteau avec lenteur, et dit "j'y vais". elle le dit deux fois. et elle sort. le patron ne la voit pas, lui répond à peine (ne la calcule pas, comme dirait ma cousine). il n'y a qu'emma qui la voit. qui voit sa tristesse, ("son éternelle tristesse", dit le scénario). puis la secrétaire traverse la rue et va s'asseoir sous un abri-bus. emma la regarde. et voilà.

seconde scène : emma débarque dans l'agence comme une tornade, en demandant des nouvelles des japonais. le patron l'engeule, emma finit par quitter l'agence (on comprend qu'elle n'y remettra plus jamais les pieds). dans la rue, la secrétaire la rattrape et lui donne une enveloppe que les japonais ont déposée pour elle. un faire-part de mariage (une invitation pour la dernière scène).

et voilà. en deux scènes, hop, le personnage de la secrétaire est devenu chouette. une espèce de messagère triste. maintenant, je n'ai plus honte de le proposer à une actrice.

(c'est en voyant une fille à château-rouge reboutonner son manteau, lentement, l'air chiffonné et harrassé, comme si elle se fermait elle-même à triple-tour, que ça m'est venu.)

(patricia disait : cette fille qui reboutonne son manteau, c'est un miroir pour emma ; elle aussi, elle est fermée ; c'est pour ça qu'elle la voit : elle la reconnaît.)

(tu te rends compte de ce qu'on gagne sur emma : le simple fait qu'elle soit capable de voir cette femme, la détresse de cette femme........... qu'elle soit la seule à la voir.........)

(soudain, je comprends mieux une autre réplique, plus loin, dans la scène avec michel "on ne sauve pas des vies, on vend juste des appartements, on les vend dix fois le prix, etc." le côté gauchiste de cette réplique sonnait faux dans la bouche d'emma. forcément, puisqu'elle ne voyait rien ni personne, qu'est-ce que ça pouvait lui foutre le prix des apparts ? maintenant, ça va mieux. grâce à la secrétaire.)

(merci, madame.)

(et je ne vais pas faire de blague lacanienne sur le secret air de cette femme.)

Après le mariage

ça se passe à l'ugc des halles, dans le hall du cinéma.
alors que j'étais en train de laisser un message important à clémence avant la séance, l'ouvreur sort d'une salle et crie à la cantonnade : "messieurs dames, pour after the wedding, vous pouvez rentrer en salle!"...........
en allant rejoindre élodie, charlène et nicolas dans la salle (on allait voir hypertension), j'en riais intérieurement.

"vous pouvez rentrer en salle." juste avant de partir faire un film......... juste avant de partir gaiement faire un film......... c'était assez beau.

(clémence comprendra.)

jeudi 15 mars 2007

Fatigue

cher journal, ça y est, la fatigue commence à m'accabler. le découpage est fini, du moins tout ce qu'il est possible de faire sans avoir encore le moindre décor. 350 plans et des brouettes à tourner en 8 semaines, ce qui fait une moyenne d'eviron 8 plans à tourner par jour. ça me semble, cher journal, énorme. je pense que je ne suis pas le seul. mais comme mes amis sont gentils, ils s'efforcent d'avoir l'air détendus (le vrai parano croit toujours que quand les autres ont le sourire, c'est qu'ils cachent quelque chose).

hier, à l'observatoire, je me disais que j'aurais bien aimé pouvoir jouir du recul avec lequel on observe les étoiles. et lire mon scénario ainsi, avec une juste distance (comme dirait libé, ces cons). et ainsi voir ce qui me semble encore obscur, les petites questions non résolues, les plus grandes, etc. prendre de la hauteur, me disais-je, cher journal, en traversant le parc avec patricia et nicolas, dans la lumière rasante de six heures du soir.

un mot de rob zombie, dans le making of de the devil's rejects : les contraintes rendent créatif. (je sens que thomas va me la resortir souvent, celle-là.) je crois que c'est vrai. (dans une certaine mesure.) (y a qu'à voir le dernier superman, la façon honteuse dont l'argent est jeté par les fenêtres pour un résultat quasi-nul ou proche de la gabegie esthétique et artistique.)

beaucoup parlé aujourd'hui, cher journal, avec cédric, du cinéma, beaucoup disserté - enfin j'ai écouté cédric disserter, cher journal, sur le cinéma comme il va - et à quel point ce médium n'est plus un outil pour découvrir le monde, encore moins pour le façonner. je cite cédric, cher journal, parce que c'était trop beau "avant, la première fois qu'on voyait des gens baiser, c'était au cinéma ; la première fois qu'on voyait des dinosaures, c'était au cinéma ; la première fois qu'on voyait le japon et les japonais, c'était au cinéma. aujourd'hui, pour voir des gens baiser, on branche internet, les dinosaures sont sur playstation, et on regarde nhk sur le câble." je n'ai pas entendu de formulation plus belle et lapidaire, cher journal.

pourtant, il croit encore (cédric, cher journal) qu'un dentiste cannois égaré dans une projection peut rencontrer par hasard un film de pedro costa ou nobuhiro suwa et trouver ça beau (je ne parle même pas d'en sortir transformé, puisque le cinéma désormais ne tranforme plus, etc.) il dit que s'il ne croit pas à ça, à cette possibilité-là, cher journal, il arrête. tout de suite, cher journal, tout de suite.

ma petite cousine dort sur le canapé, j'ai les yeux qui brûlent, il est minuit, cher journal, mais je ne veux pas raccrocher, pas tout de suite.

amélie est partie à l'enterrement. j'aimerais la serrer contre moi. faire un rempart entre elle et la mort.

ça me rappelle un dialogue que j'ai lu dans le cormac mc carthy, commencé hier soir (avant-hier soir, je ne sais plus) :

"Can I ask you something ? he said.
Yes, of course.
Are we going to die ?
Sometime. Not now.
And we're still going south.
Yes.
So we'll be warm.
Yes.
Okay.
Okay what ?
Nothing, just okay.
Go to sleep.
Okay.
I'm going to blow out the lamp. Is that okay ?
Yes. That's okay.
And then, later in the darkness : Can I ask you something ?
Yes. Of course you can.
What would you do if I died ?
If you died I would want to die too.
So you could be with me ?
Yes. So I could be with you.
Okay.
"

voilà, je crois qu'il vaut mieux s'arrêter là.
bonne nuit, cher journal.

é.

ps : aujourd'hui, patricia était triste, alors je l'ai portée sur mon dos, et ça l'a fait rire.

mercredi 14 mars 2007

Observatoire


aujourd'hui, avec m. luminet, nous avons parlé de trous noirs, de loupes gravitationnelles, de naines blanches, de quasars, de protons, de disques d'accrétions, d'horizons, de wormholes, de bébés univers et d'ordinateurs quantiques. entre autres.

mardi 13 mars 2007

On the road again


voilà, françois, je l'ai acheté aujourd'hui, qui fut une journée étrange à plus d'un titre ; je m'y mets aussitôt après avoir brossé mes dents et pris ma douche. (je crois que ça va être bien.) (le livre, pas la douche.) (même si la douche aussi, mais bon.)

lundi 12 mars 2007

dimanche 11 mars 2007

Warriors

en rentrant de la fête, vers 2h, j'ai mis the warriors, ce très beau fim de walter hill, offert par mon père, beaucoup rêvé devant la wonder wheel du début, la façon dont il la filme, cette espèce d'innocence avec laquelle est filmée la wonder wheel, juste des lumières qui flottent dans la nuit, un plan fixe, et les néons qui disent "wonder wheel", comme une promesse du film à venir (alors bien sûr quand tu fais ça, faut assurer après, faut pas se dégonfler, si tu promets aux gens un tour de wonder wheel, mais bon ça va, walter hill est américain, il sait ce qu'il fait, la preuve), je me disais il n'y avait que le cinéma des années 70 pour pouvoir faire ça, filmer des lumières dans la nuit, des lumières qui ne tremblent pas du tout, ça m'a rappelé des trucs de de palma (le dirigeable the world is yours), il y avait une forme de pureté (d'innocence disais-je) dans la façon de filmer la nuit, sans doute à cause de la qualité des émulsions de l'époque, qui ne permettait pas les délires de plasticien, et comment les personnages entrent en scène, je me souviens que jean-damien insistait toujours avec les étudiants pour qu'ils travaillent leur entrée en scène, entrée et sortie de scène, c'est quand même essentiel, ce ne sont pas des choses qu'on a le droit de rater ou de faire à moitié, et ça ne vaut pas que pour le théâtre, hein, dans la vie, c'est quand même un peu pareil, n'est-ce pas, dans warriors, les personnages apparaissent dans un paysage flou filmé en longue focale, ils apparaissent comme des figures bien nettes sur un fond approximatif, et surtout le champ est vide, pendant les quelques secondes qui précèdent leur apparition, le champ est vide, donc on les attend (donc ils n'ont pas intérêt à foirer leur entrée en scène), ce léger suspens est très beau, surtout que les acteurs sont beaux, surtout le premier, le noir avec sa casquette, avec les lumières derrière et la nuit tout autour.

générique magnifique, avec ces plans de métro, ce défilé de costumes et de masques, ces très gros plans sur les visages des acteurs qui ont peur d'aller là où ils vont, etc.

plus tard.
et la scène du métro, quand les deux couples friqués entrent dans la rame, et qu'ils regardent le gars et la fille assis en face d'eux, épuisés et crasseux. l'échange de regards est magnifique, le regard gêné des riches, la fierté des pauvres, et le geste de la fille pour se recoiffer, parce qu'elle a honte, mais le gars le lui interdit, il ne lui interdit pas de se recoiffer mais il lui interdit d'avoir honte, et pour finir les couples friqués descendent à la station d'après et une fleur accrochée à la robe d'une des filles tombe par terre dans la rame, et personne ne la ramasse.
alors voilà, après on peut dire ce qu'on veut sur walter hill, mais quand même, cette scène-là, quand même.

Dé-fête

bon voilà, j'y suis, j'ai fait l'effort, mais bon pas longtemps, je vais y aller, bonne soirée, sa voix couverte par le brouhaha, le vacarme, comme quoi il y a pire que la mauvaise musique, il y a la mauvaise musique qui sature, alors voilà, c'est vraiment moche, et en même temps c'est drôle, il faudrait le dire aussi, il y a un gars en collants, un performer qui écrit à positif (je répète ce que j'ai entendu), et la seule chose belle, c'est élodie en robe noire et le baiser qu'elle a donné à son petit ami (j'aime bien dire petit ami, c'est suranné, mais ça va bien à la chose en question, ça la désigne justement), bref, il y a des gens en casquette, des gens sans casquette, des gens en robe (mais sans la classe d'élodie), des gens avec des cheveux, des gens sans cheveux, tout le monde fume des cigarettes et ça me rappelle le sketch de jerry seinfeld sur les fumeurs, la façon dont il mimait le geste du fumeur, en disant j'ai du feu qui sort de ma bouche, j'ai un volcan dans ma tête etc. ici il y a des dizaines de gens qui se prennent pour jerry seinfeld, il y a un gars qui ressemble à jean-françois rauger qui danse comme ma petite cousine (pas celle qui fait de la danse depuis dix ans, l'autre), il y a quand même quelques gens qu'il faut saluer, bon c'est comme ça, vraiment j'aime les fêtes, j'adore les fêtes, aha ah. bon il ya aussi julien qui est gentil et ça c'est bien, et patricia mais depuis qu'elle a disparu bon c'est pas grave mais elle est cachée par un grand con on voit même pas si elle danse, la chose chouette avec julien c'est qu'il danse bien, pas comme le gars qui fait de la place autour de lui sur la piste en faisant tourner ses bras au-dessus de sa tête sur une chanson qu'il est le seul à connaître pour bien montrer qu'il est le seul à la connaître,

bon, là il y a eu une petite interruption parce que un gars qui n'est pas julien s'est appuyé un peu trop fort sur le bureau de cédrric et tout s'est écroulé et un gars a rattrapé au vol l'écran plat et le clavier et cédric s'est jeté sous le bureau pour le redresser et pendant ce temps j'essayais de sauvegarder mon post en promenant la souris sur le plateau du bureau maintenant à la verticale, c'était quand même un joli moment burlesque mais j'ai comme l'impression que ça n'ira pas plus loin alors je crois que je vais y aller, merci et bonne soirée.

(je savais que ce serait un truc de happy few, il y a même pas de madonna, y a même pas de michael jackson, y a même pas de musique des années 80, y a même pas friday i'm in love, alors que quand même jusqu'à aujourd'hui c'était un must, vraiment, les amis, c'est dommage.)

jeudi 8 mars 2007

Mélodie (1980 - 2007)


sa dernière phrase, c'était : "Oui, je veux bien, encore."

Inter-minable


je repensais à ce mot de gaspard concernant le blog, interminable il disait et il y avait bien sûr une petite touche d'ironie, bon à peine, parce qu'en même temps on ne se connaît pas encore assez pour faire de l'ironie, juste assez pour se dire comme ça "ton blog interminable" et moi pour lui dire, pour te dire "mais tu ne voulais pas faire des films?" et du coup bien sûr la question fondamentale mais avant d'y venir juste une précision pour toi et pour eux, non, non, le blog n'est pas interminable, il se terminera et je peux même te dire quand je ne peux juste pas te donner encore la date précise, juste te dire qu'il se terminera exactement la veille du premier jour de tournage de ce film comment s'appelle-t-il déjà c'est quoi le titre ah oui, la troisième partie de comment déjà j'ai oublié, j'oublie tant de choses en ce moment c'est à cause de la quantité phénoménale de choses auxquelles je pense, auxquelles je m'efforce de penser, auxquelles je pense que je dois penser parce que je suis bordel je suis un réalisateur je vais tourner mon premier long-métrage dans quelques mois je suis un réalisateur tu veux une preuve je te la donne tiens regarde mon beau diplôme je suis arrivé à paris en 1998 après des études moyennes de science politique (mais enfin le diplôme ils me l'ont quand même donné n'est-ce pas?) de toute façon ce que je voulais faire c'était du cinéma et ici dans ce pays ça se passe ainsi quand tu veux faire du cinéma enfin pas forcément comme ça mais c'est une solution parmi d'autres ici donc tu peux aller à l'école et apprendre et ainsi obtenir un diplôme qui dit que tu as la permission de faire du cinéma alors c'est ce que j'ai fait, monsieur j'ai passé le concours il était dur, enfin dur pour les nerf surtout parce que franchement ce qu'on demande à ce concours c'est quand même de la petite bière à côté des concours de science politique (et j'ai pas passé les plus durs) et ensuite on m'a mis dans une petite classe pleine de gens très méchants avec qui je devais faire des petits films ridicules et mignons

(excusez-moi je disais bonne nuit à ma mère)

et puis j'ai fait d'autres films et mangé dans des cantines dégueu et de temps en temps à peu près deux ou trois fois par an je m'installais dans une salle de cinéma où on regardait tous ensemble les films qu'on avait faits et ensuite les lumières se rallumaient et d'autres gens très méchants nous disaient qu'on était des grosses merdes infâmes et comme on sentait bien que c'était vrai on en rigolait entre nous mais on sentait que c'était une vérité qui s'énonçait alors, on était des merdes infâmes, on ne savait rien et je me souviens que je m'interrogeais sur la valeur pédagogique des coups dans la gueule mais quand même c'était bon de voir des gens qu'on n'aimait pas se faire dérouiller ainsi en public bien sûr c'était moins drôle quand c'était ton tour mais ça fait partie du jeu, surtout qu'après on m'a bien récompensé de tous ces coups qu'on m'avait refilés on m'a donné un diplôme assorti des félicitations du jury et franchement mes parents étaient super fiers et moi aussi tu penses bien et surtout j'avais gagné ça, l'autorisation, la permission de faire des films et j'étais le roi du monde, t'imagines, bien sûr j'étais encore à cent lieues de la moindre question de cinéma mais qu'est-ce qu'on en a à foutre, depuis quand on est là pour se poser des questions (de cinéma ou d'autre chose) et alors après plus rien, enfin si des trucs mais rien qui mérite d'être réconté, et puis des gens aussi, mais là non plus rien qui mérite d'être raconté, ah ah, non, vraiment pas, ah ah, excuse-moi c'est nerveux, et ensuite quoi hop, et hop, et enfin un film pour se remettre en jambes, un deux, la boxe c'est loin maintenant, il faudrait que je m'y remette, allez hop, un peu de vélo, et un festival, souvenir d'autres festivals, méchants, méchants partout, mais je m'embrouille je te prie de m'excuser si la syntaxe devient chaotique mais c'est juste qu'on s'approche de la fin, et nous voilà à quelques mois de ça de ce moment et je suis là tout transi tout inquiet comme un misérable mais nom de nom si tu savais les grandes choses qu'il y a dedans, j'aimerais bien te dire, à l'intérieur de moi, rien à voir avec ce que tu vois, rien à voir avec cette inquiétude, dedans je suis bigger than life, ma vieille, tu vois, souviens-toi james mason chez nicholas ray, bigger than life, je te dis, je suis beau, si tu savais, dedans comme je suis beau et plein d'idées, ma vieille, plein de vraies questions pas du tout oiseuses, non, non attendez messieurs dames, ne sortez pas de la salle j'en ai encore sous le pied je peux encore pédaler un peu, encore un peu, la pente, je vais me la faire, ah ah, je l'attaque en danseuse, aha ah, vaillant, petit prince etc.

merci de m'avoir lu et bonne nuit à tous.

mercredi 7 mars 2007

mardi 6 mars 2007

Métro

le garçon est penché sur la fille assise sur un siège en plastique jaune, il est debout devant elle, penché en avant de telle sorte que son sac à dos lui retombe un peu sur la nuque, et il parle à la fille, son visage tout près du sien, et elle regarde ailleurs ostensiblement, et parfois, à un mot qu'il dit, elle secoue la tête, non, juste en secouant la tête, non, elle lui fait, quoi qu'il lui dise ou demande, c'est la réponse qu'elle lui donne, et on voit qu'elle a de la peine, il n'y a rien de coquet dans son attitude (ou alors juste une coquetterie vague et fragile qui lui permet de ne pas fondre en larmes), on sent que sa peine est véritable, qu'elle est vraiment fâchée contre le garçon, plus que ça même, blessée, et le métro arrive et tout le monde monte en voiture ou descend et le garçon et la fille ne bronchent pas, lui continue de lui demander pardon et elle de l'ignorer.
(elle porte une paire de boucles d'oreilles rondes et larges, comment on dit, des créoles, c'est ça.)

(vu sur le quai de la 2, direction nation, ce matin, à 9h54.)

Lacunes

(ce post est surtout pour iu et/ou meumeu)

les gars, voici une liste des choses que je ne sais pas encore faire sur ce blog (mais j'aimerais bien savoir) :
- linker d'autres blogs.
- linker des chansons.
- linker des vidéos youtube.
- charger une image sur mon profil (il faut entrer l'url de l'image, comment on fait?).
- pour le moment, c'est tout.

à votre bon coeur, les amis.
d'avance, merci.

Punch


le post précédent m'invite à solliciter à nouveau cédric (et/ou thomas) : serait-il possible d'investir dans un sac de frappe et de l'installer dans la salle de prépa ?
(très convivial, fort utile en cas de mauvaise nouvelle, permet de se maintenir en forme et de rester sympa avec ses amis.)

Intelligence (2)

ah ah ah, je le savais, il suffisait d'attendre, et voilà c'est reparti, le carburant de ce blog, parfois, c'est aussi la bêtise, la perle du jour, je vous la livre telle quelle, toute nue, la voici, elle est de françois-xavier machin de chez love streams, qui a choisi aujourd'hui de ne pas aider le film :

"il ne faut jamais être complice de sa propre intelligence."

voilà.
c'est trop beau, comme dirait lanzmann ; il vaut mieux s'arrêter là.

(c'est adam qui parlait de la "pensée asymptotique", celle qui tend vers l'infini sans jamais y atteindre.)

Timide

sinon, je dois dire que les événements des derniers jours m'ont pas mal inhibé en ce qui concerne le blog : plus tellement envie d'écrire des posts.
je me suis demandé pourquoi.
je crois que c'est parce que je me suis senti vraiment très entouré d'affection ces derniers jours.
du coup, plus tellement envie/besoin d'écrire ici.

(c'est donc à ça qu'il servait.........)

il va falloir lui trouver un autre usage.

(rassure-toi, je vais trouver..........)

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vu ce film donc, avec jim carrey, ce film du réalisateur le plus à droite de tout hollywood, un bon film de david lynch, me disais-je pendant la projection, une espèce de truc assez réussi pour du lynch (sauf que c'est de schumacher, ce grand réalisateur d'extrême droite, plus à droite que jerry bruckheimer et don simpson réunis, c'est dire).
direction artistique affreuse.
casting assez raté (mais le chien est vraiment bien).

30 (2)




merci les gars.

samedi 3 mars 2007

Pola

et sinon, je me pose, comme vous le savez, un certain nombre de questions sur les scènes de nu (questions d'axe, de focale et de format, questions techniques, car je suis un technicien, n'est-ce pas) et je me dis, feuilletant le livre de polaroids que m'a offert amélie, je me dis soudain, voyant ces images de femmes alanguies, que tout est simple - c'est-à-dire que quelque chose dans ces images me donne le sentiment d'une illusoire et bienfaisante simplicité - je sais que c'est l'effet des images fixes, ça et rien d'autre, mais quand même, ça me transporte, l'espace d'une seconde, dans un monde moins compliqué que le mien et c'est assez agréable.

Tag line

à part ça, la plus belle réplique de la journée, ç'a été :
"la furie du désir, de king vidor, à la cinémathèque !"
signé élodie.

Directeur

revoyant une scène de demonlover, je me disais, vraiment, ce type pourrait être (mériterait d'être) directeur du département réalisation à la fémis.
(la scène en question, c'est quand l'homme et la femme dînent dans un restau japonais.
"très bons, ces tempuras."
l'ineptie, l'ineptie totale du dialogue - il faut le voir - et le voir plusieurs fois pour le croire.
"kaori préfère les filles ?"
non mais franchement........... grande scène comique - si seulement c'était voulu.)
maintenant que chéreau (le chantre de "l'intimité") y est (à la fémis), il n'y a plus qu'à embaucher l'autre comme directeur.
monsieur le directeur.
belles parties de backgamon en perspective.

vendredi 2 mars 2007