lundi 30 avril 2007

Matteo in Tôkyô (4)





Le "film français"

mercredi 2 mai 2007, sur 17 sorties france, 5 nouveaux films français seront sur les écrans.

249 copies
235 copies
61 copies
6 copies
3 copies

Matteo in Tôkyô (3)





Matteo in Tôkyô (2)





Matteo in Tôkyô

reçu hier près de deux cents images du voyage de mathieu au japon.
avec sa permission, je les mets en ligne parce que je les trouve très belles. (je ne savais pas qu'il avait (aussi) ça en lui.)





dimanche 29 avril 2007

Contrepied

vraiment inattendu, je ne peux pas te dire ce que c'est, mais vraiment, ça m'a cueilli ; comme dirait emmanuelle, c'est à ça qu'on reconnaît la vie, à la façon dont elle entre, mais jamais par la porte qu'on attendait, plutôt par la petite fenêtre qu'on ne regardait pas, un peu comme dans un film de zombies, où tout le monde attend que le monstre débarque par la porte, et soudain c'est le mur qui vole en éclats, bref, je ne peux pas être plus précis que ça, je ne veux vexer personne, enfin mettre personne dans l'embarras - mais qu'il suffise de dire ça : je suis pris totalement à contrepied, vraiment comme dans un match de tennis - à la différence près que là, je ne perds pas le point, au contraire, je gagne quelque chose d'absolument essentiel, mais juste, je n'imaginais pas du tout ça comme ça. c'est un peu comme un décor que tu aurais fantasmé depuis longtemps, tu aurais structuré l'espace dans ta tête, un peu comme l'appartement invendable, tiens, jusqu'à ce que sébastien parte en repérages et revienne avec cet appartement complètement dément, avec cette verrière complètement hallucinante, et voilà, tu peux tout foutre à la poubelle, tout ce que tu avais imaginé, anticipé, et tu dois tout reprendre de zéro, et surtout ta propre pensée, tu dois la renrouler et la dérouler dans la bonne direction, la nouvelle direction qui t'est proposée - et que tu serais bien bête de négliger, jute parce qu'elle est inattendue (unexpected est plus fort - encore une fois, l'anglais est plus plus plus).
ce que je veux dire, c'est comme dans le cas des vaches des grands espaces (encore elles, les coquines), il y a deux attitudes possibles face à ça : soit tu t'accroches à ton idée et ça peut être très bien mais tu peux aussi t'égarer (il y a toujours quelque chose d'un peu bête dans l'entêtement, enfin il y a aussi quelque chose de noble, mais bête aussi - bête et noble en même temps), soit tu acceptes le cadeau qui t'est fait et tu acceptes d'être perdu pendant un moment - un moment seulement - mais il faut dire le vertige de ce moment où tout vacille, tout ce que tu avais anticipé -
- en fait , je crois que c'est exactement ça, l'effondrement dont je parlais il y a quelques semaines - en fait, il a déjà commencé, voilà.

jeudi 26 avril 2007

Limbes

L'Eglise renonce aux "limbes" pour les enfants morts sans baptême
(LE MONDE | 23.04.07 | 12h20)

"Les Limbes" : tel était le titre que voulait donner Charles Baudelaire à ses Fleurs du mal. Ce mot désigne l'espace mythique au-delà du bien et du mal, ce morceau de l'enfer éternel qui serait réservé aux enfants morts sans baptême, ni élus ni damnés. Mais ce qui était hier, pour les uns, un article de foi, pour les autres, une fable terrifiante, a été aboli, vendredi 20 avril, par le Vatican.


Dans un document de sa commission théologique internationale, l'Eglise estime qu'il existe désormais "des bases sérieuses pour espérer que, lorsqu'ils meurent, les bébés non baptisés sont sauvés". Elle veut en finir "avec des métaphores qui ne rendent plus adéquat le message d'espérance de la religion chrétienne".

La question remontait à l'origine du christianisme : si l'on admet que seuls les hommes baptisés sont sauvés et que tous les autres sont damnés, quel est le sort des enfants morts sans baptême ? Elle avait été tranchée au IVe siècle par saint Augustin : ces enfants innocents, mais encore "souillés" par le péché originel, sont accueillis dans ce lieu intermédiaire entre l'enfer et le paradis, appelé "limbes".

Augustin était convaincu que l'humanité pécheresse depuis la faute d'Adam et Eve ne pouvait être rachetée que par la seule "grâce" de Dieu donnée par la foi et le baptême. On sait combien, jusqu'aux protestants et aux jansénistes, cette idée a labouré les consciences occidentales. Terrible verdict, en effet, que celui des limbes. L'agnostique Albert Camus, né comme Augustin sur la terre algérienne, disait qu'il ne pardonnerait jamais à l'auteur des Confessions d'être le "père" du péché originel, de la culpabilité des innocents et de la "damnation des enfants morts sans baptême".

Que faire d'un si lourd héritage défendu, du Moyen Age jusqu'au XXe siècle, par une Eglise manipulatrice, trop contente de faire peser la menace des limbes pour inciter les parents à faire baptiser au plus vite leurs enfants ? Sur ce point, sa réflexion théologique est enfin passée de l'intransigeance dogmatique à la miséricorde. Elle ne renonce pas au péché originel, encore moins au passage obligé par le baptême pour obtenir le salut éternel. Mais elle admet désormais que les enfants, sans possibilité de choix ni responsabilité, seront sauvés.

Henri Tincq

mercredi 25 avril 2007

Film d'auteur

aujourd'hui, je mettais sous enveloppe plusieurs exemplaires de la dernière version du scénario, un pour chacun des acteurs du film - et je me disais voilà, je sens la solennité de ce geste, c'est la dernière version en date, sans doute la dernière tout court (si on excepte les petits ajustements qui vont nécessairement survenir d'ici le tournage) - et voilà.
tout ce travail, toutes ces heures (les heures, si tu imaginais les heures sans nombre passées devant cet ordi, les nuits passées à écrire, les soirées solitaires, les journées où je ne voyais pas la lumière du jour, les dimanches, par tous les temps........... - ça ne me dérange pas, j'adore écrire, j'écris sans arrêt depuis que j'ai douze ans, alors tu parles, mais enfin, à force, j'ai bien failli faire une dépression, heureusement que les japonais sont arrivés, avec leurs gâteaux et leurs ogenki dessuka, genki dessune, anatawa, etc. - et puis les heures passées à parler avec cédric, à lire et relire, à préciser, à revenir, à re-revenir, à interroger tout cent, mille fois, les dialogues répétés encore et encore, les impasses, les petits matins d'angoisse, les moments de doute terribles, les découragements sans bornes - et les moments d'exaltation, aussi, quand on se disait putain c'est bien, c'est vraiment bien ce qu'on est en train de faire, il est canon ce scénario, comme si ce n'était pas à nous, pas de nous, mais dicté - tu te dis, je sais, tu repenses au ion de platon, hein, et ses anneaux de fer enfilés) - tout ça pour arriver à ce moment de rien, cet instant où je glisse quelques scénarios dans des enveloppes, et voilà, bonne lecture, les amis, et merci.
(y a plus qu'à faire le film, maintenant.)

Sun (2)


le reste des images est ici.
merci thomas !

mardi 24 avril 2007

Casting

un petit texte que j'ai écrit pour le casting des rôles japonais. piqué en grande partie à murakami.

"Je ne sais pas si tu te souviens, en 1995, il y a eu un tremblement de terre à Kobe. J’étais au Japon à cette époque. J’étais mariée et je vivais à Kyoto. Quand il y a eu le tremblement de terre, je me suis mise à regarder la télé pendant des journées entières… je regardais les maisons détruites, les routes coupées, les rues ravagées par les incendies… je n’arrivais pas à détacher mon regard de l’écran. Même quand mon mari me parlait, je ne m’en rendais pas compte.

J’ai voulu aller à Kobe pour me rendre compte par moi-même. Peut-être aussi pour aider les gens là-bas, je ne sais pas… Mais on ne pouvait pas y aller en avion, l’aéroport était détruit. En train, ça n’était pas possible non plus. Je n’avais pas de permis de conduire, alors j’ai demandé à mon mari de m’amener à Kobe en voiture en voiture. Il a refusé. Il a dit que je disais n’importe quoi, que je n’avais rien à faire là-bas, et que mon comportement était absurde. C’est vrai que c’était étrange…

Nous avions des voisins qui avaient de la famille à Kobe, et qui devaient y aller dès que les routes seraient praticables. Je suis partie avec eux.

Je ne peux pas te dire ce que j’ai vu là-bas…

Quand je suis revenue, mon mari s’apprêtait à me gronder, comme une enfant. Mais avant qu’il dise quoi que ce soit, je lui ai dit que je voulais divorcer. Il a cru que je plaisantais, il s’est moqué de moi, alors je suis partie. Nous ne nous sommes plus jamais revus. Il a essayé de m’appeler, et même une fois il est venu me voir chez mes parents, mais j’ai refusé de le voir.

J’ai vécu seule pendant une dizaine d’années. Et puis il y a deux ans, j’ai rencontré mon deuxième mari. Il est artiste peintre, et il vivait à Kobe au moment du tremblement de terre. Il était le premier à comprendre ce que j’avais ressenti. C’est en parlant avec lui du tremblement de terre que je suis tombée amoureuse de lui.
"

lundi 23 avril 2007

Terminal Velocity

une des plus belles répliques de sunshine, c'est quand trey dit : "my head is full of velocities............."

c'est exactement le sentiment que j'ai en ce moment.

j'ai la tête pleine de calculs de vitesse et de trajectoires,
d'anticipations de chocs,
de préparations d'effondrement (tu te souviens, l'effondrement.........).
je place les charges, avec soin, avec méthode, pour que le spectacle soit grandiose et la pyrotechnie flamboyante.
ça va être beau, je me dis parfois. ça va être beau.
(la troisième partie du monde
la troisième partie du monde
la troisième partie du monde.)

ce qui est fort, c'est les images que j'ai dans la tête, et la façon dont elles vont................

c'est drôle, d'abord, j'avais écrit "le réel triomphera, ça c'est sûr. et c'est tant mieux."
et finalement, j'ai envie d'écrire l'inverse, que ce n'est pas le réel qui triomphera,
mais mon idée,
ma pensée,
notre pensée.

(je sais bien qu'en fait, les deux l'emporteront, dans le meilleur des cas - le réel et la pensée. c'est pour ça qu'il est important de faire la paix avec le réel, parce qu'en définitive, on a quand même besoin de lui - sauf si on fait final fantasy, et encore. j'ai compris ça en faisant les grands espaces, la scène des vaches m'a appris ça : faire ami-ami avec le réel, pour ne pas prendre de coup de cornes.)

je te dis..........
my head is full of velocities.

1.85

voilà, c'est décidé, ce sera ça le format - et ce sera très bien.

samedi 21 avril 2007

Animaux

Une jeunesse chinoise


ce qui me frappait, c'était combien chaque scène avait son identité, chaque scène de baise, par exemple, y en a pas deux pareil, et elles sont toutes très belles, les acteurs sont magnifiques, les femmes belles, les hommes aussi, la première scène, il faut dire, l'idée absolument géniale du sifflement des trains dans la nuit, et toute la scène est à la limite de la sous-exposition, c'est extraordinaire, il y a ce flou, à un moment, ce flou qui dure, qui n'est absolument pas coquet, qui est juste le signe que le pointeur est dans les choux, c'est ça qui est beau (essaie de refaire ce flou dans ta scène, tu vas voir comme c'est laid, là c'est beau parce que c'est pas fait exprès), et les mouvements à l'intérieur de ça, les mouvements, quand ça se ralentit, avant de repartir - et les trains, les trains......... ah la la...... et quand ils se rhabillent juste après, ils se rhabillent mutuellement!

et puis ce plan complètement dément, complètement hallucinant, où ils sont dans la barque, et la caméra tourne autour, d'abord vers le soleil couchant, et puis on tourne autour de la barque et on se retrouve face à la lune montante qui se reflète dans le lac.

ce plan, je peux pas te dire, c'est comme un coup de poing, ça m'a frappé comme une pierre qui m'aurait atteint en pleine tête.

et le plan juste avant, quand ils se promènent au bord du lac, on dirait du resnais, c'est magnifique.

et la scène où ils baisent et le gars met le casque de walkman sur les oreilles de la fille, ou plutôt non, une oreille pour lui, une pour elle.

et la scène où ils montent tous en camion pour aller place tien an men, ils y vont en riant, c'est tellement joyeux, et la musique à cet instant, c'est tellement juste, c'est tellement ça, la musique est superbe, avec les images d'actualité - même ça c'est réussi.

et toutes ces scènes avec le pollen qui flotte dans l'air, les filles en ont plein les cheveux, on dirait des pensées, des mots d'amour que les personnages se passent, qui sautent dans l'air de crâne en crâne et qui s'accrochent aux cheveux comme des rêves entoilés.

et la fin, quand ils se retrouvent dans le petit hôtel de bord de mer, et le visage du type, et le raccord nuit/jour et il n'a pas bougé, la simplicité de ça, de ce passage.

(le montage est hallucinant.)

le titre original, summer palace, est bien plus beau.

clémence, il faudrait que tu voies ce film. gaspard aussi. patricia aussi. et l'assistant op aussi, il faudrait qu'il voie ce film.

clémence, je dis ça parce qu'il y a une phrase magnifique dans le film, qui m'a tellement fait penser à emma (j'ai beaucoup, beaucoup pensé à emma, et donc à toi pendant le film), quand la fille dit : "j'ai fait l'amour avec tellement d'hommes parce que c'était le seul moyen pour moi de leur montrer que je suis douce."

il me semble qu'il y a là une clé essentielle pour comprendre (pour saisir plutôt,
comme on attrape entre deux doigts) le personnage d'emma.

bref : allez voir ce film, les gars.

vendredi 20 avril 2007

Chiens & Sauveurs

je voudrais que tu me pardonnes, si tu peux, que tu me pardonnes pour ce que j'ai dit avant, pour cet accès de culpabilité et de défaitisme, je voudrais que tu m'excuses d'avoir douté de toi, de nous et de nos beaux efforts, de notre foi et de notre profondeur, de notre ampleur et de notre classe -

(je voudrais, s'il te plaît)

- mais il faut que tu comprennes, j'avais deux chiens aux trousses, des chiens, des fils de chiens, ils ont essayé de me tuer, ils y sont presque arrivés, ils en voulaient à ma gorge, à mon coeur qu'ils voulaient tout saignant bien arraché à ma poitrine, ils voulaient tout prendre puisqu'ils n'avaient rien.

alors voilà, j'ai eu un instant, une heure de faiblesse, mais ça va mieux, c'est passé.

je voulais que tu le -

- les chiens, quand même, les fils de chiens, ils essaient quand même, hein, ils nous en veulent, ils t'en veulent, ah la la, le malheur, l'infini de la médiocrité, putain c'est dur de résister, de garder en soi, bien enfermé, le vtk qui sommeille, dur de ne pas leur en mettre une en pleine tête (grégory qui veut qu'on aille faire du tir ensemble à bastille, je ne sais pas si c'est une bonne idée, finalement, vtk pourrait se réveiller)

- et le petit gars tout moche qui te regarde avec ses yeux de fouine et ses pellicules sur les épaules et ses dents toutes noicies par les cigarillos et qui veut te donner une leçon de morale, ah, j'ai la gerbe, la haine en eux qui passe en moi, qui essaie de se frayer un chemin d'eux en moi, le gars qui a abandonné le cinéma parce qu'il n'avait pas les couilles, qui est prof et qui se cache maintenant derrière sa petite morale,

- et la khmer rouge qui veut te flinguer en te donnant une leçon d'esthétique ET de morale, ah lala, la misère de ces deux-là réunis, mais les gars, vous êtes, vous êtes -

(et soudain je repense à "j'ai tout" : larves, brins d'herbe, crachats...........)

(et je dois dire que "j'ai tout" est le texte le plus hallucinant, le plus beau, le plus irréfutable que j'aie entendu de longtemps.)

mais la haine quand même, tu la mesures, là, tu la vois, tu la vois bien, toute nue.

le problème, le vrai problème avec ces gens, avec eux et ceux de leur espèce, c'est qu'ils essaient de faire sortir le pire en toi. leur but du jeu à eux dans la vie c'est ça.

et je dois dire un mot, plus d'un mot même, des amis qui m'ont sauvé aujourd'hui : il y a d'abord eu nathalie ; et puis ensuite il y a eu cédric.

(il faut parler d'eux, parce qu'ils sont ceux qui empêchent vtk de se réveiller, c'est grâce à eux, parfois c'est grâce à amélie, parfois patricia, parfois nicolas, parfois - il y a toujours un ami qui me sauve, par-delà la solitude irréductibale et crasse, par-dessus la misère qui me salope la tête, parfois c'est adam, ça dépend, parfois c'est thomas et la façon dont il travaille sur mon film, dont je le vois travailler, en tout cas, il y a toujours quelqu'un, il y a toujours quelqu'un qui me sauve, c'est ça que je voulais dire, donc merci, merci pour ces opérations de sauvetage secrètes et méconnues, merci mon dieu d'avoir mis sur mon chemin des gens bons à côté de gens si mauvais, c'est ça la chance que j'ai, on n'imagine pas la chance que c'est de connaître ces gens et ces moments-là, ça rattrape tout, merci merci merci.)

sinon je serais mort. les chiens, fils de chiens, ils m'auraient eu, là, à la gorge, ils m'auraient eu, bien eu, là comme il faut, bande de -

("j'ai tout", je repense à "j'ai tout", à jean-damien, lui qui brûle, que personne ne sauve parce que quand même pour être sauvé il faut - j'ai bien peur pour mon ami, parce qu'à la pointe, là où il travaille, là où il vit, ça brûle, ça brûle comme dirait cette connasse de claire simon, et j'ai peur qu'il brûle, mon ami, qu'il se consume.)

cédric, mais c'était trop beau ce qu'il disait : alors quoi, il faudrait ne rien tenter, juste se rouler en boule et mourir (j'extrapole), il faudrait juste faire les petits films qu'on a le droit de faire, c'est ça ?

(et là, je crois que c'est la première fois que j'ai compris, la première fois depuis que je travaille avec château-rouge, la première fois depuis quoi, depuis quand on se connaît ? la première fois, disais-je, que je comprends le sens du travail qu'ils mènent, ces gens, ces gens de château-rouge, je pense qu'ils ne le savent pas eux-mêmes, ou alors peut-être qu'ils le sentent, confusément, parfois, et walter, toutes ces années, tous ces mois bout à bout qui finissent par faire des années, et c'est seulement maintenant, avec cette petite phrase agacée, que je comprends le sens de ce qu'ils font - et ce qu'ils font, c'est beau.)

et cédric qui continue: et alors, on fait quoi si on écoute ces chiens, ces fils de chiens (j'extrapole), on fait juste les films qu'on a le droit de faire, les films qu'on nous donne la permission de faire, on filme des gens qui se parlent dans un appartement - oui je sais, il n'y a pas que - mais tu vois, on fait catherine corsini, quoi, c'est ça qu'on fait, en somme, c'est à ça qu'on peut prétendre, dit cédric (j'extrapole), on fait marion vernoux, sophie fillières (il faut que j'arrête de citer des réalisatrices parce qu'on va croire que je hais les femmes, alors que je hais juste ces femmes-là - et encore, je hais surtout les films qu'elles font, mais je pourrais citer aussi leurs petits copains, bon c'est pas la peine, t'as quà aller sur kühe ici) -

en somme, c'était beau, ça m'a sauvé des chiens, entre ça et nathalie, j'ai retrouvé le sourire et ça c'est pas rien, on a eu chaud, voilà.

Ophelia



Such a shame

gwen & david.
je viens de les croiser dans la rue, par hasard (mais fate serait plus juste - encore une fois, l'anglais est mieux, plus précis, plus riche). c'est donc le fate qui nous a réunis, qui a fait que nos chemins se sont croisés.
(tiens, je pense au "no fate" de terminator 2.)

l'objet de la discussion : les films qu'on fait et comment on traite les gens qui nous aident à les faire.

en gros, l'absurdité d'une situation comme celle de 3PM : pas d'argent juste des belles idées, un peu d'ambition et une poignée de braves pour les aider à exister.

gwen : à quoi ça sert de faire des films qui finiront par être tout étriqués, tout chétifs, parce qu'ils n'ont pas eu assez à manger ? ça sert à quoi de produire des films sans les justes moyens pour le faire* ? ça sert à quoi de vouloir rouler en porsche quand on n'a qu'une deux-chevaux ? (à part faire nouveau riche.)

david : et tu oses payer les gens un salaire de misère pour ça ? moins cinquante ? moins cinquante quoi ? tu sais ce que c'est moins cinquante ? tu sais que le medef n'attend que ça pour aligner les autres salaires sur ceux déjà scandaleux qu'on pratique dans le cinéma d'auteur ?

et moi : oui, je sais, je sais, je sais.

alors voilà. tu imagines. tu imagines ma tête.

tu imagines.

je ne sais plus quoi faire. j'ai envie de tout arrêter. pardon les gars, je sais que je devrais pas dire ça, c'est vraiment pas sympa pour vous qui vous donnez tant de mal. mais la honte m'étouffe. je sais pas quoi faire.

* hein, cédric, ça sert à quoi ?

jeudi 19 avril 2007

"You had everything"

les mots de vtk, parmi les vidéos qu'il a envoyées à nbc : "you had everything you wanted, you had everything........"

vous aviez tout.

exactement comme hier soir.

le reste est ici.

I have it all


hier soir, vu ça.
proprement dément.
ça m'a fait penser, évidemment, au virginia tech killer.
sauf que le personnage est plein d'amour, enfin il est essentiellement fait de ça, alors que le vtk était plein de peur.
dans les affaires du vtk, la police a retrouvé des rédactions étranges, où transparaissait une sorte de "penchant pour la cruauté" (quelque chose à voir avec des tronçonneuses et des haches.........). ça m'a rappelé un texte que j'ai écrit en 5ème ou en 4ème, je ne sais plus, un truc vraiment monstrueux, hyper violent, avec membres arrachés et tout. je veux dire, voilà, on aurait pu trouver ça et dire la même chose......... si j'avais fait quelque chose comme ça........... (et les dessins que je faisais quand j'étais petit, je te raconte même pas...........)

je n'ai qu'une chose à dire : jean-damien est à la pointe, à la pointe extrême, là où ça brûle (patricia, tu vois de quoi je parle - et tous ceux qui ont vu sunshine aussi, d'une certaine façon). c'est aussi pour ça que c'est mon ami, que je suis fier d'être le sien.

Fenêtre sur cour (7)

mercredi 18 avril 2007

Freedom writers

ici, une interview de scénaristes.
ces gars sont vraiment cool.
(j'adore l'idée du concours de réplique à la fin. moi aussi, j'aimerais bien lancer un concours sur internet pour rédiger l'invitation d'ukiko à emma. faut que j'en parle à cw.)

Découpage & Short story

je me disais quand même, à force de découper, il ne faudrait pas oublier qu'on ne fait pas (pas encore) de la mise en scène, que le découpage c'est un truc de laborieux, de photographe (au pire sens du mot) et que ça n'a rien - mais rien - à voir avec le vrai de ce qui nous attend c'est tout, je voulais juste le rappeler.

d'ailleurs, ce qui est beau, c'est quand on jette un découpage à la poubelle au dernier moment, c'est toujours très exaltant - en général, ça veut dire qu'on a trouvé mieux, plus juste, ça veut dire qu'on a enfin vraiment regardé quelque chose (le décor, les acteurs).

c'est exactement comme le plan des vaches dans les grands espaces. le plan n'est pas terrible, mais il aurait été pire, mille fois pire si j'avais gardé le découpage initial (le travelling atroce).

dans la cour, le mur d'en face renvoie beaucoup de lumière aujourd'hui.

rêvé que je me disputais avec cw. dispute monumentale. dans mon rêve, il se moquait de mon découpage - justement. pas ton style, pourtant, cw.

lu une histoire super de adrian tomine hier soir : ça s'appelle connecting thread. je la recopie pour toi :

"Cheryl was eating lunch alone, flipping through the personals, when an ad in the "I saw you" section caugh her eye.
It startled her... she was almost certain that it was addressed to her.

It had become part of her daily routine to read the personals on her lunch hour. Aside from the horoscope and the comics, it was the only part of the paper that held her interest.

Reading the ads was like eavesdropping for Cheryl... She liked to study the brief lines and try to imagine the people and circumstances involved. The "I saw you" section was especially intriguing to her. She was fascinated by the idea that someone could see you once and become so enamored that they place an ad in the classifieds, hoping you'll spot it amidst thousands of others.

THE AD : 3/9 @ Midtown Espresso - You: brown hair, glasses, blue jacket, sitting alone. You ordered a scone and coffee. Wish I'd said hi. Second chance ? Same place, same time, next week.

No, this can't be about me, she thought, She read the ad over and over again, trying to convince herself. But it was just too specific. How many other people could it apply to ? she wondered.

She deliberated over what to do. It occurred to her that some people probably dream about this happening to them. She knew it was a once-in-a-lifetime opportunity, and that she'd wonder about it for the rest of her life if she didn't go back to the café.

It would have actually been more of an effort NOT to go, since she usually drank her morning coffee there before going to work anyway. So she decided to show up and at least see what happened.

That morning, before leaving the apartment, she spent a little extra time on her hair and put on some make up for a change.

She sat at the same table she had been spotted at the previous week and waited for the mysterious admirer to approach her. She sat there for two hours, drinking five re-fills of coffee. She stared at the people around her.

She imagined that the person who placed the ad was, in fact, somewhere in the café... that he had shown up, but upon getting a better look at her, decided to retain his anonimity. She drank the last swallow of coffee and walked back home.

She called in sick to work and sat down in front of the mirror. Maybe the make up was a mistake, she thought... It might have only made her look worse. If someone found her attractive without it, then why bother ? She wondered if she was the kind of person who looks okay at first glance, but is actually quite ugly.

Holding back tears, she convinced herself that it wasn't because of her appearance that nothing happened, but rather, that the ad wasn't about her in the first place. She put the whole thing out of her mind, thinking how silly she'd been.

The next morning, for a change of pace, Cheryl walked the extra two blocks to a different café before going to work.
Three days later, another ad in the "I saw you section caught her attention.

THE AD : March 17 @ Ooh la Latte - You: brown hair, glasses, grey sweater, bought a mocha to go. You left before I could say hi. Second chance ? Same place, same time, next week.

She suddenly felt the victim of a practical joke... that somewhere, someone was laughing hysterically at her expense. But she couldn't think who it could possibly be.

In the weeks that followed, similar ads continued to appear, usually every other day, sometimes three days apart. Each time, the text accurately described Cheryl and cited locations where she had recently been.
As a test, she changed her routines, walked alternate routes, and dressed in unusual outfits.

The ads continued to appear, maintaining the same level of accuracy.

Cheryl started carrying a small notebook with her, jotting down brief descriptions of people in restaurants, on the bus, anywhere she went. She kept an eye out for any recurring faces - the connecting thread that eluded her.

But nothing turned up... There were too many people to keep track of. At best she could remember the few most unusual faces she'd seen each day. What if the person she was looking for was completely non-descript ?

Another week passed, and the ads began to change. The format remained the same, but the locations became less public, and the descriptions more specific.
She was seen walking in the park at night, withdrawing cash from the versatel after work, even entering the women's room at her office.
Somehow she was being watched, even when she felt certain that she had been alone.

She called the newspaper, described the ads, and demanded to know who had placed them. The man told her that information of that nature was confidential, and all he could do was receive ads to be printed. She knew if she tried to explain it to the police, they wouldn't understand or believe her.

She was losing sleep, calling in sick to work more often, and avoiding leaving the house as much as possible.

Finally, not knowing what else to do, Cheryl stopped looking at the personals, and that week, the ads about her stopped appearing."

THE END

mardi 17 avril 2007

lundi 16 avril 2007

Matteo

message quotidien de mon ami mathieu gu, en virée au japon et en thaïlande, au canada le reste de l'année.
en lisant son dernier message (emploi du temps chargé entre massage thaï et promenade à vespa), je me disais tiens, ça me repose de moi-même, de lire ses mails. ça me détend de mes constantes jérémiades*.
au moins, lui, il est bien.
alors une pensée pour lui, ce soir.

* car il faut bien reconnaître que tu es une chialeuse, mon vieux.

samedi 14 avril 2007

Tchao Pantin


je suis tombé sur cette image du film qui a eu un prix à pantin (qui n'est pas un festival de marionnettes, comme on pourrait croire, mais bien un festival de guignols), et je me suis dit mon dieu, mais quelle horreur, parce qu'on dirait une image des grands espaces, et soudain, j'ai compris combien ce film (les grands espaces) est daté, c'est-à-dire qu'il avait peut-être un sens il y a deux ans, à l'époque où je l'ai pensé/écrit*, mais aujourd'hui, quel sens ça pouvait avoir de faire un film pareil ? aujourd'hui, il arrive après la bataille.
(d'où le problème de ne pas tourner vite, le problème du temps d'inertie entre l'écriture et le tournage, l'éternel problème du cinéma - non, pas du cinéma, de la fabrication des films, plutôt - puisqu'il faut bien parler cuisine, de temps en temps - et même, il faudrait parler exclusivement cuisine, puisque c'est ça qu'on fait, de la cuisine - je dis ça sans aucune amertume, j'aime beaucoup la cuisine. j'aime bien manger et j'aime bien me salir les mains - faudrait juste que ça se voie davantage dans les films que je fais, c'est tout.)
la seule chose belle du film, je le redis, c'est le dernier plan, et le seul mérite du film, c'est d'arriver à rendre ce dernier plan nécessaire (ce que n'ont jamais compris les imbéciles d'angers). c'est donc une histoire de montage. c'est-à-dire que le film est bien monté. mais le film n'est pas bien. (même si moi, je l'aime bien.) (c'est compliqué, hein ?)

* en vérité, je pense qu'il était daté au moment même de sa conception. la pensée même de ce film a quelque chose de frelaté. peut-être que nous aurions dû le faire en vidéo à cinq, en 2005, peut-être que là, ç'aurait eu un sens, je ne sais pas. (en disant ça, je pense à negra, qui a plus de sens que le film qu'élodie n'a pas fait, qu'elle a - heureusement - refusé de faire**.)

** pourquoi suis-je incapable d'appliquer ces belles pensées ? pourquoi suis-je incapable de mieux accorder mes moyens et mes ambitions ? pourquoi faut-il que mes ambitions soient aussi largement au-dessus de mes moyens*** ? je ne veux pas faire la chialeuse, juste comprendre pourquoi.

*** parce que dans un sens, c'est absurde de vouloir faire ce film avec si peu de fric, c'est complètement con. pardon si je te choque, mais franchement, ça rime à quoi ? est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux faire le truc en vidéo à huit et des images de soho chopées sur internet plutôt qu'en 35 à vingt avec sfx et tout le tralala ? la réponse est bien évidemment oui. sauf que.......... sauf que tu sais bien que ce serait condamner le film. le condamner avant même qu'il existe. le condamner à n'être jamais vu, ou si peu que ce serait comme jamais. et ça tu ne veux pas, tu veux tout, tu veux le beurre, la crémière, la caisse enregistreuse et la vache à traire, etc. c'est ça, ton putain de problème, mon vieux. c'est ça, c'est ça, c'est ça ton putain de putain de putain de putain de problème. nouveau riche, va.

Trou noir (repérages)


depuis dix jours, sébastien est en repérages à bordeaux, à la recherche des décors du film.
et là, ce matin, il m'a envoyé ça.

alors là, bien sûr.............

évidemment, tu mets ça dans le film............ bien sûr, bien sûr.

mais toujours la question, toujours la même : est-ce que c'est trop ? ou est-ce que c'est juste ?

DMZ


je viens de terminer le tome 2 de DMZ Body of a journalist, and it really blew my mind.
scénario remarquable, absolument génial. on met un petit moment à accepter le dessin (sa relative laideur), mais quelque chose passe de ce qui doit être la vie à gaza ou bagdad. (sauf que ça se passe à new york !)

vendredi 13 avril 2007

Oh l'amour

grâce aux bons soins de nathalie, j'ai retrouvé ça.
c'est quand même super.
imagine : tu es dans le jardin, ou sur une terrasse, l'été, et tu danses sur ça - et ta copine te regarde.
(par exemple.)
"what's a boy in love supposed to do ?"
(et je vous ferai remarquer le commentaire du gars qui a mis ce truc en ligne : "for some reason, it makes me wanna cry of happiness."
c'est l'idée, exactement.)

Optic nerve

Lately, I found out about a comic book from the 90's : it's called "Optic Nerve", by Adrian Tomine. It's really cool stuff, and I highly recommend it - if you can't find it at a store near you, you should try and purchase it on the internet, it's really worth it.
Anyway.
That made want to tell about the tiny little things that usually go unnoticed and untold, the small stuff of everyday life, for better and for worse. I'm sorry that I have to do it in english - it just feels better that way, makes more sense I guess.
The thing is, what I'd really like to do is draw a comic book of my own. I guess I could try, since I'm not such a bad drawer (but not as good as to call myself an artist, though). But there are some technical difficulties that make it practically impossible - for instance, I don'thave a scan machine, so even though I know how to draw, it's useless. I'll have to figure out another way. In the meantime, I'll just write about that stuff, and you'll have to use your imagination to fill in the blank frames.

So, here's my first story of the untold :
I was on the subway, coming back from a hard day's work at the office. I was standing in front of the door, facing it. The train was pretty crowded, and I was reading the paper. The train arrived at a station, and I coul feel people in my back, ready to get off and anxious for me to move out of the way - which is something I really hate, by the way - the way people assume that you're not gonna move, that you're a complete dork.
So here's this guy, saying "Sorry", like he wants to get off, and I nod, to let him know that I'll move away, and a girl standing next to me taps my arm and says "He wants to get off", and I go like "Uh-uh, I know". When the door opens, I step out, and the guy gets out, and then I get back on the train. But what I should have said to this girl was "I heard the guy, alright ?". I should have said it out loud. I'm really sad I didn't think of it then.
That's it.
(Really tiny stuff, I told you.)

jeudi 12 avril 2007

Après Sunshine


ce qui était beau, ce que je voulais dire, c'est que ça fait drôle, très drôle même, de voir sur un écran les images qu'on a dans la tête, c'est tout.
ça fait deux, non trois ans que je dis le soleil, le soleil, les images du soleil, soho et compagnie, un homme qui crame sur fond de soleil éclatant, les gros bouillons, les geysers, bon, je ne vais pas reprendre le scénario, ça va, tu vois, et là soudain -

- alors voilà, ça fait quelque chose, forcément.
(et le son que tu te prends par vagues dans ton corps, et la mort de kaneda, quand même, et le personnage du psy, et la première séquence, quand le type essaie de voir jusqu'où il pourra aller, jusqu'ou il peut regarder le soleil en face, et la mort du type givré dans l'espace, et la bombe cubique, etc*.)

(* même si je sais bien que la fin est naze, que le slasher de la dernière demi-heure est absurde et ridicule, que le mysticisme est assez foireux, etc. mais c'est bizarre, ça n'annule pas le truc, pour moi. à cause du soleil, quoi.)

mercredi 11 avril 2007

Stats

et sinon, ce blog a enregistré lundi dernier plus de 130 connexions dans la journée, ce qui me semble tout à fait honorable*, plus qu'honorable, même, une sorte de succès d'estime, comme on dit dans télérama.
l'occasion pour moi de saluer les lecteurs, amis et non amis - et notamment ces deux américains qui reviennent souvent, et cet argentin.
thanks, guys.

* même s'il faut enlever les quinze connexions/jour de cw, les dix de iu et les trois de françois, les cinq de julien, les quatre d'élodie, les huit de thomas, les deux de nicolas, les deux de patricia et les dix de moi.
(amélie faisant heureusement baisser la moyenne, puisqu'en ne consultant le blog qu'une fois par mois, elle contribue à rééquilibrer ces statistiques absurdes.)

(bon, maintenant, ça suffit, va te coucher.)

Sunshine


on y va tous demain, hi hi hi !
(on va voir tous les beaux effets spéciaux qu'on ne pourra pas se payer, hé hé !)

Sade

une petite avant d'aller dormir (enfin avant d'aller à la douche, puis au lit) :

"Il vaut mieux être parmi les vicieux qui prospèrent que parmi les vertueux qui échouent."

10 euros

ici, je voulais mettre un post humiliant, un post d'insulte, un truc comme une gifle, un truc qui donne envie à la personne concernée de se terrer vingt pieds sous terre, de disparaître pour échapper à la honte, la honte crasse, la misère, sa misère -

- et puis en fait, j'en ai pas envie -

(c'est ça, souvent, qui sauve les médiocres, c'est qu'on n'a pas envie, pas l'énergie ; c'est là qu'au bout du compte, ils nous battent et qu'ils s'en sortent - preque toujours. c'est sur un truc d'endurance que ça se joue, en somme. comme souvent dans la vie.)

mais je garde le truc en réserve, comme une pointe de méchanceté prête à l'emploi, un petit poison fielleux, tout délicieux - sadique.

miam miam.

Actor's studio

sinon, je voudrais te dire, il se dessine un truc, avec les acteurs de ce film, un truc vraiment génial, ça devient de plus en plus précis, évident, à mesure qu'on avance dans le casting, qu'on fait des essais, qu'on trouve des choses, à mesure que je réécris les scènes pour ceux qui vont les interpréter - à mesure qu'on travaille, en somme - quelque chose de vraiment hallucinant : tous les acteurs, je dis bien tous les acteurs, même les petits rôles, sont vraiment déments.
(bravo emmanuelle!)
je crois que le jour où je les verrai tous sur le plateau, je vais être pris de vertige*.
(après, faudra être à la hauteur de ça, hé hé.)
en attendant, je suis extrêmement content.
content, content, content** !

* c'est vrai qu'avec les grands espaces, j'avais un peu oublié ça, ce plaisir-là, ce truc absolument génial qui n'arrive qu'avec eux.

** putain, ça va être bien !

Le bois dont on se chauffe


aujourd'hui j'ai rencontré grégory gadebois, un des plus grands acteurs français, qui me fait l'amitié de jouer dans mon film (oui, l'amitié, même si on ne se connaît pas, y a des gens on n'a pas besoin de les connaître pour parler tout de suite des choses importantes, on peut rentrer tout de suite dans le vif du sujet - une assez belle expression, tiens, "le vif du sujet", faudrait réfléchir à chaque mot).
je l'avais vu arriver sur sa moto, avec ses ray-bans, et j'avais pensé tout de suite à john goodman, ce sublime acteur, notamment à ce qu'il fait dans barton fink, la façon dont il est à la fois bonhomme et suprêmement inquiétant, et de temps en temps, chez grégory, dans ses yeux clairs mi-clos, il y a cette lueur de folie flippante, vraiment flippante, très évocatrice.

pendant une heure, on a parlé de déménagements, de serveurs de café, de voyages à moto, de clotilde hesme, de big lebowsky (avec john goodman, justement), et on s'est dit qu'il faudrait qu'on aille faire du tir ensemble dans une armurerie du 11ème.

(je crois que je pourrais vraiment kiffer ce truc de tir au pistolet, avant le tournage, ça me semble tout à fait indiqué.)

(si j'y vais, je te raconterai, bien sûr.)

vendredi 6 avril 2007

Yoru no Miru

en quittant mohamed et patricia rue de buci après un dîner plus qu'arrosé, remontant par la rue mazarine bourré au saké,
et les quatre cerisier en fleurs (roses) du square gabriel pierné, les branches doucement balancées dans l'air, premier soir de printemps, le rose des fleurs virant mauve dans la lueur jaune des lampes à sodium,
puis sur les quais en direction du louvre via le pont du carrousel, puis la pyramide du louvre devant laquelle se photographiaient des blondes américaines,
et je repensais à cette journée de casting magnifique (absolument magnifique) (merci emmanuelle, merci, merci, merci!), à ces acteurs sublimes qui viennent comme ça passer une petite scène pour un premier film dans une salle vide à l'acoustique morbide, et qui parviennent néanmoins,
puis sur la place andré malraux, juste avant de remonter l'avenue de l'opéra,
et qui parviennent néanmoins à faire surgir quelque chose qui a le parfum de la vie, qui a furieusement le parfum de la vie,
en passant devant les japonais de la rue sainte-anne, lorgnant à travers la vitre dans l'espoir d'apercevoir ukiko, ah aha,
je repensais à celui qui avait pris soin de venir avec une cravate, qui me demandait si je voulais qu'il la porte pour jouer la scène, et je trouvais ça tellement touchant, j'ai trouvé ça tellement gentil (acteur vraiment magnifique au demeurant, décontracté et pourtant irréfutable),
puis rue de la michodière (rien à signaler),
puis l'homme et la femme qui s'embrassent rue de la chaussée d'antin, immobiles sur le trottoir comme deux statues,
et je me disais vraiment, quel métier merveilleux on fait, quand même, malgré tout, malgré les ennemis sans nombre, malgré les emmerdes et les refus et les crachats,
et les gens qui mangent des frites à la terrasse des bistrots rue saint-lazare,
il y avait cette femme qui avait pleuré en essai, pendant la scène, parce que mine de rien c'est une scène un tout petit peu dure, ça me faisait de la peine, et son visage, il faudrait dire,
et rue blanche, les trois jeunes gens qui boivent de la bière devant la caserne des pompiers,
et les yeux très bleus de cette autre, et sa petite colère rentrée tout à fait belle, et la façon dont elle inventait à chaque instant,
et la rue ballu (rien à signaler),
avant de terminer par la rue de vintimille,
et la place a.m.,
et hop, à la maison,
à la douche,
au lit.

(j'ai vraiment passé une belle soirée, après une vraiment belle journée. merci à tous et bonne nuit.)

Music & Lyrics

cette fille, je me disais, c'est moi- bien sûr, au début, j'avais commencé par le considérer lui, c'est normal (normal ?), mais très vite, au bout de cinq minutes, je m'étais mis non pas à m'intéresser à elle, mais vraiment à me prendre pour elle, à me dire, en somme, cette fille, c'est moi.
(et ça n'a rien à voir avec le fait que j'éprouve une vraie passion pour drew barrymore, et ce depuis e.t. - une vraie joie à l'idée de retrouver à chaque film un tel mélange de fantaisie et de profondeur.)
c'est juste que je me reconnaissais absolument dans tout, son obsession pour les mots, sa connivence très intime avec le langage, sa distraction permanente, qui pourrait être juste une belle idée théorique, mais à laquelle on croit absolument (le plan, extrêmement beau où elle verse le café et tout déborde et le réalisateur ne fait même pas un gros plan là-dessus, ça se passe quelque part dans le plan, pour ainsi dire incidemment - et tu as vu, tous les plans où elle arrose les plantes*?). et puis bien sûr, il y a tout ce que je ne suis pas mais que j'aimerais être : cette intégrité forcenée, un peu niaise et très belle, cette dignité de chaque instant, parce que oui, les seins débordant de sa robe rouge, les cheveux sales, en train d'aspirer un latte à travers une paille, peu importe, elle est toujours digne et belle (et je ne parle même pas de son nom, vraiment génial, très très beau, sophie fisher, on aimerait tous avoir invené un personnage qui s'appelle sophie fisher, non je dis n'importe quoi, on aimerait tous connaître une fille qui s'appelle sophie fisher - surtout en anglais c'est beau, cette façon dont on détache les deux syllabes du prénom, so-phie), moi je l'ai adorée.
et puis bon, il faut bien dire que c'est le film qui a le mieux à ce jour parlé de ce que c'est de travailler avec quelqu'un qu'on aime, de créer à deux.
(la scène magnifique où ils bougent les meubles du type, où littéralement, ça déménage, comme on dit.)
(et les plans sur la ville dans différentes lumières, le soir, la nuit, l'aube, pour nous raconter qu'ils ont travaillé toute la nuit, c'est beau, non ? on dirait du dziga vertov, très très loin de woody allen, une vraie candeur soudain dans la façon de filmer la ville.)
et je me disais, le titre, music & lyrics, ça parle pas du tout d'une chanson, c'est la music qu'on a dans la tête, et c'est les lyrics qu'on dit tous les jours, c'est ce degré de poésie-là, le degré le plus pur. faut pas se tromper, hein.

(* d'ailleurs je me permets de vous faire remarquer que depuis le début, emma arrose les plantes chez elle, il y a toujours eu des plantes dans l'histoire, à un moment c'était la plante de françois.)

(et je me permets de me faire remarquer à moi-même que l'important n'est pas les plantes - l'important est qu'elle les arrose!)

(je crois bien que je vais leur piquer l'idée du débordement pour la scène de petit-déjeuner avec michel, hé hé..........)

bon, c'était magnifique, en somme.

mercredi 4 avril 2007

Extrême gentillesse



Éric,

Je crois que tu as reçu de Cédric la nouvelle.
Je ne sais quoi dire pour te réconforter, d'autant plus que j'ai voulu moi-même que ton souhait s'accomplisse.
Et, je suis vraiment désolée de ne pas t'avoir aidé pleinement.

De toute façon, tu réaliseras ton film qui a déjà démarré.
J'espère que tu te concentreras sur cette réalisation.
Dis-moi n'importe quoi quand tu as besoin de moi, pour la relation avec le Japon, ou pour d'autres choses.
Je souhaite de tout mon coeur que tu mèneras ton projet à bonne fin.

Bien à toi

Mikiko

Colère


Dr. T : "donc si vous voulez, on pourrait se fixer comme objectif de canaliser cette colère pour la rendre féconde."

en anglais, il y a un proverbe : "anger is one letter short of danger".

la colère accroît les risques d'accidents du travail et les risques d'accidents cardio-vasculaires ; une étude des Annals of family Medicine montré que la colère multiplie par 4 les risques d'être blessé, et l'agressivité les multiplie par six. ce lien est particulièrement évident pour les hommes : chez les femmes, la même corélation n'a été observée que dans les cas d'extrême irritabilité ou agressivité.

pour les chiffres, c'est ici.

Fenêtre sur cour (6)

mardi 3 avril 2007

Triste

je n'en peux plus, tu vois, je n'en peux plus, se disait-il en écoutant sa copine pleurer dans la salle de bain, et à chaque sanglot c'était son coeur à lui qui se déchirait, qui se coupait en deux par le milieu et saignait, saignait, et je te le dis, je n'en peux plus, je suis très fatigué, plus que je devrais, ce n'est pas normal du tout d'être aussi fatigué, et bien que le changement d'heure etc., et je repense à cette phrase lue je ne sais plus où, dans quelque article miteux des cahiers ou du film français, juste cette phrase qui venait conclure une série de considérations exténuées sur l'état du cinéma français : ".......... et les réalisateurs arrivent épuisés au moment de tourner leur film". et c'était atroce, et c'est atroce, se dit-il, d'entendre sa copine pleurer dans la salle de bain, on dirait un film de breillat, ou alors quelque chose de plus larmoyant, un film d'ophüls, peut-être, mais avec le sentiment de vivre un cauchemar, quand l'innocence est perdue, et quoi qu'on fasse, on sait qu'on n'y rentrera jamais plus, ça m'a rappelé cette phrase de william hurt dans le film de shyamalan, ce qu'il dit sur l'innocence, que c'est pour ça qu'on se bat, pour retrouver l'innocence, et je me souviens que je m'étais dit tiens c'est là que les athéniens s'atteignirent, comme on dit, c'est le moment le plus beau du film, et même (ce qui n'est pas toujours la même chose) c'est la scène autour de laquelle le film a été construit et pensé, bref. il se disait ça, et sa copine continuait de pleurer dans la salle de bain, et c'était atroce, réellement atroce, il avait l'impression de vivre sans musique, quelque chose d'absolument désespéré, peut-être comme ce mauvais film de blake edwards, days of wine and roses, ce truc sur l'acoolisme avec jack lemmon, le fond de la douleur humaine, c'est ça que ça me rappelle, surtout avec le bruit du loquet quand elle s'est enfermée dans la salle de bain, je suis tellement fatigué, les amis, et tellement triste aussi, le sentiment qui me saisissait parfois en lisant le dernier roman de jay mc inerney, ou celui de brett easton ellis, ce sentiment de gâchis total, quand les hommes faisaient pleurer les femmes et n'arrivaient pas à les consoler ensuite, ces moments absoluments poignants et tristes, au-delà de la tristesse même, voilà, c'est là que je suis ce soir.