mercredi 9 mai 2007

Injustice

parce que la question, finalement, le problème du personnage, comme ils diraient à la fémis, c'est quoi ?
je vous le demande, les gars, c'est quoi, le problème d'emma ?

oui, voilà, exactement, c'est la place qu'elle occupe dans le monde. c'est ça le problème de cette fille. parce que son problème, c'est qu'elle est du vide - pas qu'elle est vide, attention : qu'elle est du vide. de l'antimatière, même. c'est pour ça que, à partir d'un certain moment, tout le monde se met à l'avoir en horreur. (de l'antimatière, berk, berk !)

ce que je veux dire, c'est que le problème d'emma n'est pas (contrairement à peter parker) son fond psychanalytique. emma n'est pas névrosée (le réalisateur du film, lui, est névrosé, mais c'est une autre histoire). elle n'est pas une somme de pulsions refoulées ou dérivées. ce serait bien plus simple. (et on laissera ces matières - fécales ? - aux critiques des cahiers.)

non, le problème d'emma, il est d'une autre nature et d'une autre ampleur : c'est le problème que tu as quand ce que tu désires le plus au monde t'est refusé. c'est comme de désirer un enfant et de ne pas pouvoir en avoir ; c'est comme de vouloir faire un film et de ne pas pouvoir. je veux dire, on parle d'obstacles de cette nature-là, quand ce qui te permettrait d'accomplir pleinement ta destinée sur terre t'est refusé. quand tu es empêché - et pas empêché par quelqu'un, mais juste parce que tu es qui tu es.

reprocher à emma de faire du mal aux autres, ce serait comme lui reprocher sa couleur de peau. "elle n'y peut rien, ça sort d'elle."

d'où (j'ai pensé, aujourd'hui, les gars, j'ai pensé - plus fort que winnie l'ourson !) : la fin doit être sinon réécrite, du moins envisagée sous un autre angle. auprès de la japonaise, emma ne cherche pas la consolation, du moins pas tout de suite - pas de pleurnicheries, pas de gémissements, assez, assez ! non, emma est révoltée. elle trouve que c'est injuste, elle ne comprend pas. c'est ça qui fait venir les larmes, et même les sanglots.

c'est l'injustice de sa condition qui lui fait toucher le fond de la détresse.

(quand tu ne sais plus vers qui, vers quoi, quand tu es seul comme un chien galeux, plein de misère et de chagrin.)

ça peut paraître un détail, mais en fait, c'est comme d'épauler différemment son fusil : le canon ne dévie que de quelques centimètres, mais au bout, la balle ira frapper plusieurs mètres à côté. je sais que ce que je dis là est essentiel. j'insiste : essentiel.

bref : des larmes, oui, mais des larmes de détresse et de colère, des larmes de rage et d'impuissance, jusqu'à l'épuisement.

(clémence, il faudra aller jusque là.)

(pour donner la pleine mesure des enjeux qu'on veut soulever ici.)

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