jeudi 15 mars 2007

Fatigue

cher journal, ça y est, la fatigue commence à m'accabler. le découpage est fini, du moins tout ce qu'il est possible de faire sans avoir encore le moindre décor. 350 plans et des brouettes à tourner en 8 semaines, ce qui fait une moyenne d'eviron 8 plans à tourner par jour. ça me semble, cher journal, énorme. je pense que je ne suis pas le seul. mais comme mes amis sont gentils, ils s'efforcent d'avoir l'air détendus (le vrai parano croit toujours que quand les autres ont le sourire, c'est qu'ils cachent quelque chose).

hier, à l'observatoire, je me disais que j'aurais bien aimé pouvoir jouir du recul avec lequel on observe les étoiles. et lire mon scénario ainsi, avec une juste distance (comme dirait libé, ces cons). et ainsi voir ce qui me semble encore obscur, les petites questions non résolues, les plus grandes, etc. prendre de la hauteur, me disais-je, cher journal, en traversant le parc avec patricia et nicolas, dans la lumière rasante de six heures du soir.

un mot de rob zombie, dans le making of de the devil's rejects : les contraintes rendent créatif. (je sens que thomas va me la resortir souvent, celle-là.) je crois que c'est vrai. (dans une certaine mesure.) (y a qu'à voir le dernier superman, la façon honteuse dont l'argent est jeté par les fenêtres pour un résultat quasi-nul ou proche de la gabegie esthétique et artistique.)

beaucoup parlé aujourd'hui, cher journal, avec cédric, du cinéma, beaucoup disserté - enfin j'ai écouté cédric disserter, cher journal, sur le cinéma comme il va - et à quel point ce médium n'est plus un outil pour découvrir le monde, encore moins pour le façonner. je cite cédric, cher journal, parce que c'était trop beau "avant, la première fois qu'on voyait des gens baiser, c'était au cinéma ; la première fois qu'on voyait des dinosaures, c'était au cinéma ; la première fois qu'on voyait le japon et les japonais, c'était au cinéma. aujourd'hui, pour voir des gens baiser, on branche internet, les dinosaures sont sur playstation, et on regarde nhk sur le câble." je n'ai pas entendu de formulation plus belle et lapidaire, cher journal.

pourtant, il croit encore (cédric, cher journal) qu'un dentiste cannois égaré dans une projection peut rencontrer par hasard un film de pedro costa ou nobuhiro suwa et trouver ça beau (je ne parle même pas d'en sortir transformé, puisque le cinéma désormais ne tranforme plus, etc.) il dit que s'il ne croit pas à ça, à cette possibilité-là, cher journal, il arrête. tout de suite, cher journal, tout de suite.

ma petite cousine dort sur le canapé, j'ai les yeux qui brûlent, il est minuit, cher journal, mais je ne veux pas raccrocher, pas tout de suite.

amélie est partie à l'enterrement. j'aimerais la serrer contre moi. faire un rempart entre elle et la mort.

ça me rappelle un dialogue que j'ai lu dans le cormac mc carthy, commencé hier soir (avant-hier soir, je ne sais plus) :

"Can I ask you something ? he said.
Yes, of course.
Are we going to die ?
Sometime. Not now.
And we're still going south.
Yes.
So we'll be warm.
Yes.
Okay.
Okay what ?
Nothing, just okay.
Go to sleep.
Okay.
I'm going to blow out the lamp. Is that okay ?
Yes. That's okay.
And then, later in the darkness : Can I ask you something ?
Yes. Of course you can.
What would you do if I died ?
If you died I would want to die too.
So you could be with me ?
Yes. So I could be with you.
Okay.
"

voilà, je crois qu'il vaut mieux s'arrêter là.
bonne nuit, cher journal.

é.

ps : aujourd'hui, patricia était triste, alors je l'ai portée sur mon dos, et ça l'a fait rire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Personne ne peut faire rempart mais tu es un force, encore et toujours...
a.