mardi 12 juin 2007

Lecture

ce que je n'aime pas dans le cinéma, ce en quoi il est plus faible que le théâtre (je parle du travail de cinéma, de la fabrication, pas du reste - pas des films, en somme*), ce que je n'aime pas, disais-je, c'est l'impression qu'on a (qu'on peut avoir parfois) (quand on est laborieux, un peu lent comme moi) qu'une scène, ça s'épuise. qu'à un moment donné, c'est fini, on a tout tiré de la scène - alors qu'on n'a même pas commencé à égratigner son vernis. je pensais à ça à la fin de notre séance de travail avec éric et clémence, et je me disais voilà ce gars, cet immense acteur de théâtre, qui prend les textes à bras le corps depuis des années, disons vingt ans, et en trois heures, mon texte, celui que j'ai écrit, nous le lisons, nous le relisons, et c'est fini, nous n'avons rien de plus à en dire, rien de plus à travailler. c'est le cinéma qui nous fait croire ça, qui nous fait croire que la scène est épuisée. ce que je veux dire, c'est que je suis frustré. frustré que ça ait duré aussi peu. et en même temps, ce n'est la faute de personne (ou juste la mienne, à la rigueur), c'est le cinéma qui fait ça. si nous étions au théâtre, il n'y aurait rien d'autre sur quoi se pencher, rien d'autre à malaxer que le texte - et alors nous le presserions, nous lui ferions rendre gorge. mais au cinéma, il y a tout le reste, toute la technique et son cortège de pesanteurs et d'aliénations ridicules, tout ce dont le théâtre a toujours bien su se garder, pour conserver l'essentiel, le minimal : un espace scénique, un acteur, un texte.

* mais on a bien compris que je ne peux plus être dans les films, juste dans la cuisine, la fabrication, le cambouis, les mains sales. je n'arrive même plus à finir un film, ça fait trois mois que je n'ai pas fini un film - et je ne parle même pas des livres, depuis quand je n'ai pas réussi à finir un livre.........

2 commentaires:

meumeu a dit…

Pourrais tu m'éclairer sur le terme "finir" STP ?

Anonyme a dit…

On ne choisi jamais ce qui devient immortel. Lorsque le sens des mots devient l'essence d'une émotion. Alors, quelque soit le média il trasmet l'émotion. S'il s'agit du cinéma l'effet est plus durable. Et comme pour toute oeuvre, c'est l'oeil du spéctateur qui donne le sens et la profondeur, miroire imparfait de l'émotion originelle de son auteur qui hélas n'est jamais le garant de son oeuvre. Car l'on est qui l'on est à un instant "t" de nos existances. Qui serons-nous demain ? Arriverons nous à nous comprendre ? L'oeuvre dépasse son auteur. Car dès lors qu'elle est écrite elle vie sa vie et prends son indépendance.