dimanche 17 juin 2007

8 femmes


la mélancolie, c'est à ça que je pensais d'abord, l'étrange mélancolie du film, qui n'est que le vernis d'une angoisse tragique, c'est-à-dire que tu grattes et c'est encore pire, c'est-à-dire que c'est encore plus triste en-dessous. quand même, il n'y a pas d'accord possible entre les hommes et les femmes, dans ce monde-là, et c'est comme dans la vie, me disais-je à un moment, il n'y a pas d'accord possible (entre personne !), juste des malentendus qui durent plus ou moins longtemps, et c'est à ça que je pensais pendant la scène de la lap dance, je pensais aux malentendus sublimes, au plaisir qu'on peut prendre aussi là-dedans, plaisir coupable, c'est-à-dire jamais innocent (c'est-à-dire qu'on sait toujours qu'on est dans le malentendu quand on y est, on s'en accommode, en quelque sorte), et donc je pensais à ça, puisque quand même, la fille danse pour le mec qui va la tuer, et on le sait tous, et d'une certaine façon elle le sait peut-être elle-même, et je pensais à l'usage du zoom dans les plans où elle mate la bagnole, le zoom comme instrument d'un pur cinéma référencé, comme un outil très pur pour générer de la peur -
- il faudrait, d'ailleurs, parler de la pureté de ce film, de ses figures, ces gens qui n'en sont pas, qui ne viennent de nulle part et qui ne vont nulle part, qui ne sont que leur sexe, qui ne valent que par le genre (sexuel) auquel ils appartiennent, je repensais du coup à l'expression film de genre, et je me disais voilà, c'est un film de genre, mais de genre sexuel, pas d'autre chose, un film sur les hommes qui détestent les femmes et sur les femmes qui saisissent enfin une occasion de prendre leur revanche, je repensais, dans la scène de tabassage du mec, aux plans sur le presse-papier dans chromosome 3, à la façon dont le montage insistait sur la multitude des coups assénés, à la jouissance qui s'exprimait là, enfin.

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