dimanche 27 mai 2007

Cruel

il faudrait dire, quand même, rendre à césar, rendre à fincher, en l'occurrence, dire que dans l'ennui flottant que produit le film, l'ennui indéterminé, l'ennui sans objet (assez beau, finalement), mais l'ennui quand même, il faudrait dire quelque chose des deux premiers meurtres.
quand la voiture vient se garer derrière celle des jeunes gens, puis repart - puis le demi-tour, les pneus crissant dans la nuit - et la voiture qui revient à toute allure, la lampe-torche, et les coups de feu, le ralenti sur le premier coup de feu (je crois). on ne respire plus, à cet instant. (d'une cruauté inouïe, ce faux départ.)
et ensuite, le meurtre au bord du lac, la maestria de cette mise en scène (j'ai dit maestria ? j'ai employé le mot maestria ? qu'est-ce qui m'arrive ?). le plan large où le tueur est à droite, et les victimes à gauche, tout le monde debout, encore debout - pour combien de temps ? ce qui est hallucinant, c'est le mixage, le son du vent dans les arbres - parce que c'est vrai - C'EST VRAI - qu'il y a du vent au bord d'un lac. et la tension incroyable de cette scène, quand on se demande comment tout ça va finir, et qu'on se dit si ça se trouve, si ça trouve, ils vont s'en sortir, tout ça est une espèce de blague (il y a même de la place pour cette pensée-là, c'est dingue), et puis on voit, il y a le plan sur les cordes glissées dans le dos du méchant, dans sa ceinture, et là on se dit ils sont foutus.
on se dit, le boulot que ça a dû demander à fincher de mettre ça en scène, et au montage, pour que la tension ne se relâche pas, pour qu'on oscille de cette façon tellement singulière entre un truc grotesque, presque un canular - ce qui permet au type de dire "est-ce qu'il y a vraiment des balles dans votre truc ?" - et l'horreur absolue, la barbarie, son éclat soudain - les coups de couteau dans le dos du type et dans le ventre de la fille - et le plan final, très beau, sur le lac.

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