cette fille, je me disais, c'est moi- bien sûr, au début, j'avais commencé par le considérer lui, c'est normal (normal ?), mais très vite, au bout de cinq minutes, je m'étais mis non pas à m'intéresser à elle, mais vraiment à me prendre pour elle, à me dire, en somme, cette fille, c'est moi.
(et ça n'a rien à voir avec le fait que j'éprouve une vraie passion pour drew barrymore, et ce depuis e.t. - une vraie joie à l'idée de retrouver à chaque film un tel mélange de fantaisie et de profondeur.)
c'est juste que je me reconnaissais absolument dans tout, son obsession pour les mots, sa connivence très intime avec le langage, sa distraction permanente, qui pourrait être juste une belle idée théorique, mais à laquelle on croit absolument (le plan, extrêmement beau où elle verse le café et tout déborde et le réalisateur ne fait même pas un gros plan là-dessus, ça se passe quelque part dans le plan, pour ainsi dire incidemment - et tu as vu, tous les plans où elle arrose les plantes*?). et puis bien sûr, il y a tout ce que je ne suis pas mais que j'aimerais être : cette intégrité forcenée, un peu niaise et très belle, cette dignité de chaque instant, parce que oui, les seins débordant de sa robe rouge, les cheveux sales, en train d'aspirer un latte à travers une paille, peu importe, elle est toujours digne et belle (et je ne parle même pas de son nom, vraiment génial, très très beau, sophie fisher, on aimerait tous avoir invené un personnage qui s'appelle sophie fisher, non je dis n'importe quoi, on aimerait tous connaître une fille qui s'appelle sophie fisher - surtout en anglais c'est beau, cette façon dont on détache les deux syllabes du prénom, so-phie), moi je l'ai adorée.
et puis bon, il faut bien dire que c'est le film qui a le mieux à ce jour parlé de ce que c'est de travailler avec quelqu'un qu'on aime, de créer à deux.
(la scène magnifique où ils bougent les meubles du type, où littéralement, ça déménage, comme on dit.)
(et les plans sur la ville dans différentes lumières, le soir, la nuit, l'aube, pour nous raconter qu'ils ont travaillé toute la nuit, c'est beau, non ? on dirait du dziga vertov, très très loin de woody allen, une vraie candeur soudain dans la façon de filmer la ville.)
et je me disais, le titre, music & lyrics, ça parle pas du tout d'une chanson, c'est la music qu'on a dans la tête, et c'est les lyrics qu'on dit tous les jours, c'est ce degré de poésie-là, le degré le plus pur. faut pas se tromper, hein.
(* d'ailleurs je me permets de vous faire remarquer que depuis le début, emma arrose les plantes chez elle, il y a toujours eu des plantes dans l'histoire, à un moment c'était la plante de françois.)
(et je me permets de me faire remarquer à moi-même que l'important n'est pas les plantes - l'important est qu'elle les arrose!)
(je crois bien que je vais leur piquer l'idée du débordement pour la scène de petit-déjeuner avec michel, hé hé..........)
bon, c'était magnifique, en somme.
vendredi 6 avril 2007
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1 commentaire:
Je suis outré...
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