c'est assez incroyable, me disais-je, et pourtant j'étais prévenu, c'est adam qui m'avait signalé ce film il y a presque un an, quand je lui parlais de 3PM, et lui me disant mais tu sais il existe un film qui parle de ça, de quoi ? ben de physique quantique, ah bon ? et j'avais beau être prévenu, donc, c'était quand même assez incroyable de découvrir cette scène de drague au début, quand le type et la fille se séduisent en parlant de mécanique quantique (il faut quand même voir ces scènes, toutes les premières scènes, qui sont tout de même ce qu'il y a de meilleur dans le film, la façon dont il filme le campus, les avenues du campus, exactement comme il filmait les jardins et les rues dans halloween, cette espèce de beauté inquiète, cette très grande beauté plastique des avenues bordées d'arbres - parce qu'il faut bien dire que carpenter est un cinéaste qui, sans aucun souci apparent de la beauté, a un vrai talent pour la faire naître - il y en a c'est comme ça, ils n'ont pas à chercher, c'est en eux, bref).
et puis bon, bien sûr, je te mets en garde, c'est-à-dire que je t'invite bien sûr à regarder le film, mais fais quand même attention, parce que c'est un des films les plus terrifiants que j'ai vus, ou alors si tu le regardes, ne fais pas la même erreur que moi, ne mets pas le film à minuit, une nuit où tu dors seul chez toi -
- et je me demandais, repensant aux homeless, à tous les plans sur les homeless, je ne savais pas trop quoi en penser, sinon que c'était manifestement une des idées les plus fortes du film, tous ces homeless qui se regroupent autour de l'église, qui défendent aux protagonistes d'en sortir, qui tuent ceux qui tentent d'en sortir, et bien évidemment, ce sont des plans d'une extrême terreur, ces plans de sdf alignés comme les soldats d'un régiment, des ombres dans la nuit, des dizaines, cernant l'église comme avant un "assault" - mais je n'étais pas sûr du sens de cette chose-là, je me demandais de quel côté il était, le réalisateur, par rapport à ces pauvres soudain organisés, par rapport à leur révolte, au côté ubique et martial de leur révolte - je me disais, tiens, romero, j'aurais compris tout de suite ce qu'il pensait, parce que romero, c'est clair, et c'est même presque pour ça qu'il fait le film, pour ces plans-là, les plans de la révolte des pauvres (et ce qui est vraiment extraordinaire chez romero c'est comment il arrive, partant de là, de ce postulat marxiste, à faire des films vraiment métaphysiques, je pense à zombies, c'est-à-dire dawn of the dead, qui n'est pas un film sur le consumérisme - il faudrait arrêter avec cette tarte à la crème - mais un vrai film métaphysique - comment pourrait-on être plus loin de la problématique de la consommation ? mais bref -)
- et c'est étrange comment vient la peur dans un film, là, par exemple, je l'ai senti très précisément, le moment où la peur s'est insinuée en moi, c'est le plan du pigeon cloué sur une espèce de crucifix, et tout de suite après, le sdf qui sort de l'ombre et qui tue le gars avec un cadre de vélo, si si.
- et il y avait aussi la scène, complètement hallucinante, du prêtre qui se met à prier derrière la chaudière, et je me disais la prière, quand même, c'est un truc pas mal à filmer, c'est fort, vraiment.
- et puis le personnage du noir, qui pour moi est le plus beau du film, quand le gars se suicide pour ne pas faire du mal à ses amis parce qu'il se sent possédé - mais il ressuscite aussitôt, et la scène magnifique où il tombe sur le miroir, cette expression complètement indécidable, ce regard sur son propre reflet, cette façon de pleurer et de rire à la fois, d'avoir l'air misérable et triomphant, je me dis quand même, le travail que ce type a fait, cet acteur, modestement, dans son coin, ce vrai travail, ce type que personne ne connaît, qui n'a rien fait d'autre, et qui là a fait pourtant un truc magnifique...........
- bon, et puis bien sûr les miroirs, comme chez cocteau, la façon d'entrer dans les miroirs, exactement comme dans orphée, et le dernier plan, complètement génial, et je me disais tiens, c'est vrai que ça manque, ça, dans 3PM, ce truc à la fin, cette inquiétude - enfin bien sûr, elle y est, parce que ce qu'elle dit à la fin, c'est ça : "ça va aller, ça va aller", on sent bien qu'elle n'en est pas tout à fait convaincue, donc l'inquiétude est là, mais ce que je veux dire, c'est que l'idée vraiment belle des miroirs permet d'incarner cette inquiétude de manière très précise, très imagée, et c'est ça qu'il n'y a pas dans 3PM. ce n'est peut-être pas un problème, c'est comme ça.
- et le moment très beau où le prêtre prononce l'extrême onction du noir, et puis tout à coup il s'arrête, il n'arrive pas à finir, il n'arrive pas à dire "et du saint esprit", et on sent à cet instant qu'il n'y croit plus, qu'il n'a plus la foi, et c'est beau d'arriver à raconter ça de façon aussi simple, comme ça, presque en passant, je ne sais plus qui disait que carpenter est très fordien, ou a des moments fordiens...........
samedi 10 février 2007
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4 commentaires:
Il me semblait plus hawksien que fordien, mais ça se discute...
non, non, fordien - ghosts of mars, quand même.
non, à la réflexion, c'est vrai que ça se discute. ghosts of mars, quand même.
ghosts of mars me semble en effet une exception qui confirme la règle hawksienne du repli sur soi, de la communauté assiégée type rio bravo, only angels have wings ou même hatari, qui est aussi bien celle de assault, halloween, the thing, prince of darkness etc, de ce point de vue ghosts of mars et son train est en effet plus épique, et plus fordien je crois bien, c'est vrai, et j'aime moins ce film
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