projo de krev, dirait élodie, tu sais même pas à quel point, pire que ça, même - deux cents personnes pour un court-métrage, ça m'a toujours semblé suspect, d'ailleurs pour les grands espaces y aura quoi trente personnes à tout casser, et encore, famille comprise (ok, on a le droit d'avoir une famille nombreuse, mais là, je t'assure, c'était pas tous ses cousins, à la meuf) - bref - après tout, on s'en fout -
(mais en même temps, on sait bien que c'est important, pas le public, mais les structures dans lesquelles s'inscrit un film, comment on le montre, comment sa parole t'arrive - comme on dit "il m'est arrivé un truc pas possibe!", quelque chose comme ça.)
on s'en fout, relativement, donc, ce qui compte, c'est encore le film, et là il faut voir, je passe sur le côté daté du film, le côté film des années 60, genre le film de l'autre cadavre, les valseuses, road-beauf-movie naze, il faut voir comment joue l'acteur, le crétin, pas le bon, l'autre, celui qui parle comme belmondo, mais surtout, c'est pas ça, on s'en foutrait des cadres qui sentent le sapin (bien tirés, bien installés, comme on dirait qu'on est bien assis) et de la veste en cuir de l'acteur qui joue mal, le malheur s'abat vraiment à la fin, quand la fille est emmenée en voiture pour aller se prostituer et qu'elle sourit, il faut voir ce plan où elle sourit d'aller se prostituer, c'est beau comme du marcela iacub, cette sociologue avant-gardiste qui explique que l'état de pute est un état choisi et désirable*, si, si, alors là on nage dans une espèce d'infini, je ne sais pas ce que c'est, quelque part entre l'abjection et l'ennui mondain -
(je dis mondain à cause de la projection, que je lui pardonne, que je pourrais lui pardonner, mais que je lui pardonne finalement encore moins que le film, ou plutôt, la projection, la mondanité de la projection dégueule sur le film qui lui-même dégueule sur le spectateur qui n'en peut mais, qui n'en demandait pas tant mais qui, ô miracle, en redemande - on applaudit, puisque c'est ce qu'on est censé faire dans de telles circonstances)
et vraiment, j'en ai marre de ces films qui détestent les femmes, je me dis merde, c'est quand même pas vrai, on en a pas encore assez de tout ça, mais non, c'est chic, c'est épais mais chic, comme un tournedos rossini, on croit que c'est fin parce qu'il y a du foie gras dedans, mais c'est juste un truc qui fait dégueuler, bref.
et pourtant, j'étais prêt à l'aimer ce film, même si c'était un court-métrage, genre naturellement, ontologiquement plus détestable que les autres, pourtant je pouvais l'aimer, je me disais surtout okay y a le blemondo à deux francs, mais y a surtout l'autre, celui avec les pompes bicolores (même ça, il arrive à le faire oublier, le fait qu'il porte des pompes bicolores - la costumière a trouvé que ça serait un truc formidable qu'il ait des pompes de maquereau, puisque, devine quoi, c'est un maquereau, le personnage ! l'infini, je te dis, l'infini...........)
et même, je voulais presque tout pardonner au film à cause de ce plan où la fille dit au type (au bon acteur) qu'elle ne s'est jamais autant amusée qu'avec lui, qu'avec eux, même si on voit bien que ce n'est pas vrai, parce que le film ne le raconte pas, ne se rabaisse pas à le raconter, moi j'arrivais à le croire, ce mensonge (du film) - et j'arrivais à le croire grâce à l'acteur, seulement grâce à lui, parce qu'il me faisait comprendre tout naturellement ce que le film ne daignait pas me raconter.
ce qu'il aurait fallu faire, ce qu'il eût fallu faire, je me disais après coup, c'était : le type (le bon acteur) s'enfuit avec la fille, plantant là le mauvais acteur dont on n'avait de toute façon pas envie de s'encombrer davantage, et puis ils partaient ensemble, il la sauvait, quoi, en somme, il la sauvait de son destin de prostituée, et là ç'aurait été beau, c'eût été beau.
qu'après la fille le quitte ou pas, peu importe. qu'elle l'aime ou pas, peu importe. (évidemment, qu'elle l'aurait aimé, qu'elle l'eût aimé, puisque nous l'aimions aussi, dans la salle), en tout cas, il l'aurait sauvée, et ç'aurait suffi (c'eût suffi ? pas très beau, celui-là).
parce que, et ça je l'ai compris en écrivant la troisième partie du monde, dans un film d'amour, on peut soit se tuer, soit se sauver.
(mais pas se vendre, ça non, bordel !)
par exemple, 3PM c'est un film sur le meurtre amoureux. c'est pour ça qu'après, j'aimerais bien raconter une histoire où les personnages se sauvent un peu.
(ça me rappelle ce film avec kevin costner que j'ai raté, coast guards on je ne sais pas quoi, et que j'avais envie d'aller voir, mais juste parce que le boulot des types c'était ça, c'était de sauver les autres, je trouvais ça beau.)
il suffit de changer une lettre, et projection devient protection.
comment se protéger d'une projection ? comment ne pas trop se tâcher ?
(comme on dit chez courteline "manteau sali par des projections de boue.")
* évidemment, j'ai repensé ensuite à godard, pourquoi 2 ou 3 choses que je sais d'elle n'est pas un film horrible, et je me dis il y a tout ce qu'il y a autour du film, les sondages, les fausses (ou vraies) interviews, le truc sur l'architecture, les immeubles, nos belles barres, nos cités de france, quelque chose se dit là, qui rajoute. (qui poétise ?)
mercredi 14 février 2007
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